Billet à Cagliostro,
Ne me retenez point je rentre au couvent
Apprenez mon cher qu’à minuit sonnant
Une jolie nonne au regard luisant
Me fera connaitre un désir troublant
Sous les hautes voûtes d’un cloitre élégant
Je connaitrai enfin les amours d’antan.
Soulevant mon voile de novice bleue
De sa main experte, Elle me conduira
De l’ignoble terre au plus haut des cieux !
De cela, mon cher, j’attends grand émoi.
Glissez-vous dans l’ombre, ami Libertin
Sous la bure luit le satin coquin
Entendez baisers et cris chuchotés…
Comme cette nonne sachez donc m’aimer !
Votre amante éplorée.
Chère amante,
Vous ne m’abuserez pas avec vos douceurs
Messianiques
Divin Marquis je suis
Divin Marquis je reste
Ah ! Vous aimez les messes ?
J’en connais de perverses
Le soleil de Messidor
Tropique du cancer,
Se change, sous mon jeu
Libidineux
De Zodiaque sadique
En Lune
Funeste de Saturne
Débauchée érotique
Messe noire de thermidor !
Attendez-vous à souffrir
Flagellation fellation
Destination Soumission
J’aime m’entourer de femmes
Chorégies pétillantes
Détraquées,
Analphabètes
Hirsutisme de Beauté troublante
Aiguiser leur jalousie me charme
Berger, projecteur
D’un Spectacle macabre
La jouissance est petite mort
Prélude à la grande
Regardez mon cœur
Ce que sera tantôt
Votre joli corps
Et votre ravissant visage …
Une tête de mort !
A vous sans ambages
Cagliostro.
A Cagliostro,
Hier, vous me vouliez, mon bel amant, accroche-cœur,
Nue, pour jouir de moi « Oh Calcutta », étendue endormie
Acceptez donc mon rêve d’aujourd’hui, douce palinodie
Je vous désire en chaste statue éburnéenne
Ne touchez à mes formes, je me charge du reste
Bel éphèbe impuissant, l’orgueilleux déchirement
De votre panne sera ma victoire
Ni bras, ni jambes, seuls le phallus et la bouche!
Regardez si vous voulez, vous n’avez plus le choix
Comme vous êtes beau ! Vous romain, et moi patricienne
Face à face à l’Espresso des bains et des douches latins.
Mes mains caressent votre nuque et touchent au plus intime espoir
Mon corps chaud et vivant va réchauffer votre sexe d’ivoire.
Par l’entonnoir des mâchicoulis de Saint Ange
Votre cœur a reçu l’amoureuse flèche
Pauvre Cagliostro, à ma merci vous êtes!
Votre amante
Chère amante,
Je suis resté de pierre, selon votre désir clandestin
Mais bel éphèbe romain, polyandre avéré, en statue de mendiant de la cour des miracles
Me voici de fonte coulé ? Pauvre ère, sans rien pouvoir, des abysses de mon obscurité
Suis- je donc condamné à vous contempler en proie aux regards concupiscents
De ces noirs philistins ?
Tous ceux qui sous mes ordres de cardinal dans ma ruelle tremblaient
Vous examinent sans gêne : Voyeurs masqués: curé, archiprêtre, moinillons,
Pénitents érudits d’une prétentieuse science occulte.
Prenez-en garde. Crapahutant sans gêne jusqu’à vos murs, ils sont prêts,
Après avoir joui de vous, à vous mener sans miséricorde
Au bucher dont les flammes sont déjà allumées
Pourquoi leur montrez-vous cet unique grain de beauté cerise
Ce bijou secret qui vous donne de l’ocelot, un si sauvage éclat ?
Ne savez-vous pas que pour tous ces acharnés-là,
De par leurs principes de religieuse cruauté et les écrits de leurs grimoires suspects
Porteuse du « stigma diaboli » et sorcière vous serez déclarée ?
Ah ! Ma beauté, vous serez, sous la douche insultante et vivats des laides et des frustrées
Oui ! Ma beauté, vous serez, sans que j’en puisse mais, démantibulée et brûlée !
Rhabillez-vous bien vite en nonne rouge pour plus de sureté,
Et gardez donc pour moi cette admirable intimité !
Votre amant
Cagliostro.
Cher Cagliostro
Cacher mes appâts disiez-vous ?
Soit ! Je suivrai votre appoggiature
Je serai aujourd’hui « Diseuse de male aventure »
Guérisseuse de frustrations, donneuse de vertiges.
Noire « musca diaboli » piquée à ma bouche félibrige
Chapeau à plumes, sur mes cheveux couleur d’orange
Col montant, lunette face à main, je suis caricature.
J’offre mes prestations en Madame- tchoupolait Irma
Archange initié, vengeur des oulémas !
Pétard de non de Zeus ! Aussi peu sexy, avouez
Qu’un prof de maths femelle en mal de logique !
Fermez les yeux mon cher, demeurez hypnagogique.
Ceux qui, hier m’auraient comme sorcière brulée,
Vicieux, reluquant ma fraise en criant « oh quel cul t‘as »
Je vais de leur crédulité aujourd’hui me jouer
Mettant à ma merci tous ces vieux bigots- là,
Voyante « extra lucide » racontant des sornettes
Mes cartes prédiront l’amour qui tue et rend dément.
Hideux crâne de mort tarmac de cimetière
Corbeau noir, visionnaire du malheur effrayant,
Statue égyptienne, œil de saphir clairvoyant
Ces superstitieux sont en haleine et suffocants.
Le gel de leurs moustaches n’a d’égal
Que celui de leurs âmes stupides
Voyez leurs têtes obscènes de gargouilles
Paralysées d’un immense fluide glacial,
Leurs regards effarés, tremblants de Trouille
Je vais traire leur graisse à ces bourgeois imbéciles !
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Amant voyeur, tapi dans l’ombre de l’incroyance,
Vous convoitez, La belle bohémienne à l’étoile bleue,
Ma jolie Lolita, fumeuse de cigarillos ?
Elle vous attend, mon beau ténébreux
Et ouvrira ses bras, sachant ma tolérance !
Libre et fraiche aurore au vent du matin
Ses créoles d’or palpitent sans fin
Au rythme des amours de grelotteros.
Nous serons deux belles pour Cagliostro …
Venez mon sisyphéen…
Votre amante
Cher Amant,
Aujourd’hui pour aller à la messe
J’ai mis mon ombrette bretonne
Belle dentelle ajourée
Identique à celle du curé
veni ad confiteamur peccata nostra
Au dieu d’Amour qui tout pardonne
Et irai près de vous, libertin communier.
Amaneus De La Mothe, archiprêtre.
Burdigalensis danConcila,
En langue d’Ovide nous a prêchés
“panen muta in corpus christi”
Difficile d’ouïr et de jouir
Et dans l’extase tout saisir
Quand on ne sait pas le latin
Et ne connait que l’armoricain !
Libretti patenôtres ahanâmes.
Quam Crédubili, summus !
Corpus tuum appétibli manducem
Tincidunt dulcis Pantone sucré
Agrégeable en son entier
De mon réceptacle, vraie manne…
J’en suis toute rassérénée
Aussi tremblante que nonnain
J’approche mes lèvres du calice adoré
Non verberat vinum tuum
Replevit sacramentum !
Voilà de Noël, le vrai miracle :
Panem tuum et vinum tuum
Je suis pour toujours l’habitacle!
Ton Amante
Peintures de Clovis Trouille.
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