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Mardi 27 juillet 2 27 /07 /Juil 15:03

NARCISSE

SE CONFESSE
dans le
PETIT MATIN



par Odradek



Oniscus tremendus editor

 

 

nonne1.jpg


Monsieur le Confesseur je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps…

 

Ce que je voyais maintenant dans le vaste miroir de ma chambre à coucher, éclairée par ce faux-jour particulier des petits-matins brumeux, ne me plaisait que partiellement…va pour les lourdeurs des formes, les pléthores tardives… l'âge est là… je n'ai pas trop à me plaindre : pas de fanons, pas de rides, pas de flétrissures ou de vergetures… des bourrelets, certes… un soupçon de cellulite sur les cuisses… Maillol aurait apprécié… mais une peau douce sous la main, lisse, dépourvue de taches et de cicatrices… et pour cause… les seins – volumineux – tombant beaucoup plus qu'il ne convient pour une célibataire de douze lustres dépassée… je paye mon tiers de siècle obstinément vécu sans culotte ni soutien-gorge…

 

…mais aussi ! C'est la faute de mon directeur de conscience ! Lors de mon noviciat… avec ma sœur jumelle, restée à la maison, nous avions décidé de nous mortifier, et avions tricoté culottes et soutiens-gorges en ficelle de sisal… de ces ficelles à gros torons dont on se sert pour lier les gros emballages… à la première lessive, notre mère s'en aperçut… fit parler ma sœur…et s'empressa de déposer la chose dans l'oreille attentive de son confesseur… qui ne se fit pas faute, pour le salut de mon âme, de le rapporter à la Mère Supérieure de mon noviciat… et tous deux m'admonestèrent copieusement sur les dangers de… sur les périls qui… sur Satan qui guettait les âmes trop pures…

 

… j'ai mis longtemps à comprendre leurs arguments et admettre leurs points de vue : je n'avais pas seize ans, et je souhaitais sincèrement souffrir pour éviter aux pauvres d'avoir faim et froid… gagner ainsi mon salut dans la discrétion et l'anonymat !

 

… révolte ou révolution ? Je ne prononçai que des vœux simples… et fis des études d'infirmière…

 

… l'image, dans le miroir, me renvoie un demi-sourire: du couvent, ce fut l'école d'infirmières… et de l'école, ce fut la guerre d'Espagne, avec les "Rouges" ! (imaginez: moi, hyper-catho, avec des cocos et des anars !)… puis la mondiale, côté maquis… puis l'Indochine dans un bataillon sanitaire… des hommes, des hommes, des hommes… des blessés… des mutilés… des morts… de la bouillie d'hommes…

 

… qu'il était loin le cauteleux confesseur !

 

… l'image sourit plus franchement encore: durant vingt ans, des plaisanteries, certes… osées, oui… mais pas un geste déplacé, pas de proposition déshonnête… ma robe ? Quelle robe ? Une blouse ! Blanche à huit heures, rouge à vingt heures… mon
grade ? Un triple chevron que j'oubliais neuf fois sur dix !

 

… alors… mon Père, vous comprendrez… les dessous affriolants, signes du stupre… et les dessous en sisal, producteurs d'une souffrance deux fois coupable, car possiblement jouissive d'une part, et destructrice en moi d'autre part de l'œuvre de Dieu !

 

… le regard, sur mes irritations intimes, de la Mère Supérieure… les questions, d'abord incompréhensible, du confesseur bafouillant ses métaphores ! Ah ouiche ! "les bonheurs de la souffrance"… ma mise à l'isolement durant huit jours… pour "expier" je-ne-sais-quoi !

 

… merci mes études: j'ai tout compris quatre ans après !

 

… les cheveux gris… acceptables à mon âge, n'est-ce-pas ? … mais étranges si courts à cette heure sur un corps de femme nue dans le clair-obscur d'une chambre simplement chaulée… "ON" n'est pas habitué à imaginer nue une sexagénaire replète… qui vous dit avoir prononcé des vœux religieux…

 

… on préfère la sociologie obscène des quartiers chauds… ou l'ethnologie crapuleuse qui attarde ses caméras sur les torses décharnés des femmes du Sahel… ou les oublie fixées au niveau de la fente glabre des très jeunes vierges soigneusement épilées et peintes dans la forêt amazonienne…

 

… les sœurs séculières, anciennes infirmières militaires, encore étonnamment vierges à soixante ans dépassés… et nues devant leur miroir au petit-matin, çà n'intéresse personne !

 

…je ne vous ai pas encore tout dit, mon Père, il va vous falloir encore souffrir un peu…


 

… le visage ! C'est  le visage qui me déplaît quand il ne sourit pas ! Ces deux plis profonds d'amertumes symétriques qui, avec le nez et le menton, encadrent une bouche trop triste et sévère aux lèvres top fines et serrées…coins tombants, qui parle peu, chantonne parfois…Je me fais un joli sourire !

 

… que mes yeux critiquent et démontent : regard noir, hostile, presque vindicatif devant cette licence; le scandale de rire et d'être nue… à mon âge !

 

…il fixe alternativement :

 

-         les bouts de seins, presque noirs à force d'être ocres et violâtres… ma "condisciple" au couvent, une blonde délurée, dont je ne me rendis compte que beaucoup plus tard qu'elle était…"lesbienne" et que, selon les directives de mon confesseur de l'époque – le Père Boullan – il fallait à tout prix éviter ses paroles et ses tentations, me dit que mes mamelons lui faisaient penser à des anus inversés… elle m'en administra incontinent la preuve en se mettant en position pour que je compare…
en effet : plus granuleux les bourgeons de mes mamelons, plus radiée sa fleur brune entr'ouverte sur du satin rose… il fallut que j'essaye d'insinuer mes pistils dans son calice… je me souviens  encore de ses gémissements de chatte en chaleurs alors que simultanément son doigt s'agitait frénétiquement sur son callibristis… voilà que çà me fait sourire… je tente – en vain – d'imaginer ce que vous penserez en me lisant… et çà ne fait qu'ajouter – croyez-le – à mon attrition ! Je ris de mon amusement naïf de jadis… de mon émerveillement inquiet au vu de sa jouissance… je vis plus tard son dépit de n'avoir pas pu poursuivre avec moi des jeux auxquels la Mère Jeanne-des-Anges mit le holà par un discours terrifiant… mais Simone avait eu le temps de m'en montrer assez pour que j'en fasse ultérieurement mon profit, que ce soit avec ma jumelle, que je m'empressai d'instruire, ou, plus tard, toute seule, dans la sierra de Teruel, ou dans le maquis de Payolle, et aussi, perdue dans la sylve indochinoise.


 

... je ris franchement de me voir furieuse de mon sourire à ces souvenirs…mes yeux se veulent tranchants, et précisément se portent :

 

-         sur cette broussaille immonde au bas de mon ventre; elle monte en pointe à l'assaut de mon nombril, cascade en deux mèches symétriques jusqu'à mi-cuisses, remplit mes aines et tente de combler mon entrefesson – voyez: je ne vous laisse rien ignorer; ma confession est des plus sincères et dangereuses que vous ayez jamais reçues (ainsi me parlait jadis l'abbé Grandier, sans que je susse à quoi il faisait allusion) – que n'en ai-je sur la poitrine pour singer une femelle de Yéti !

 

…vingt ans que je n'ai plus émondé, comme jadis chaque mois, cette toison exubérante qui rendait difficiles les soins d'hygiène intimes d'une infirmière refusant d'autant plus le port d'une culotte qu'elle se trouvait sous les tropiques avec quarante degrés de température diurne et cent-pour-cent d'humidité ambiante… comme aujourd'hui !

 

…elle couvre mes lèvres, mes nymphes, elle impose le labyrinthe de ses nœuds, sa forêt de Belle Au Bois Dormant à mon index lorsque une insomnie me visite après un cauchemar sanglant, ou que des réminiscences font déborder mon cœur d'amertume… ou encore…j'ai décidé de tout vous dire – et vous pourrez en faire ce que vous voulez: le Dieu, en lequel je crois, est un dieu d'Amour qui n'a rien créé d'inutile ou de laid – ou encore quand un désir me prend après avoir fait jouir de mes mains un ou une de ces tétraplégiques dont la Société dite humaniste et civilisée refuse d'admettre qu'ils aient pulsions et désirs…

 

Dehors, le brouillard est épais… on n'y voit pas à cinq mètres : je ne distingue pas la marquise au-dessus de ma porte d'entrée… il fait cependant très chaud… moite déjà à six heures du matin… j'attends le vent, la pluie, le soleil pour disperser ou précipiter tout cela. De l'autre côté de la rue, le parc, invisible, est silencieux… ou presque : il supporte, de temps en temps, un cri de Corneille, un jacassement de Pies, des disputes de Cacatoès…

 

… j'entends ce silence, aussi nu que moi, aussi inaudible que le cri qui grandit en moi, dans ces nuées qui se déplacent dans l'air sirupeux et compact.

 

Allons ! Mon déjeuner refroidit sur ma table… je ne peux me résoudre à quitter à la fois mon image velue de Louve dans le miroir et ce nuage roulant, tentateur, dans la rue et le Parc… mes rondeurs blêmes, les siennes laiteuses, ma tiédeur comme la sienne; je bois mon thé de Chine…encore brûlant, merci ! – je frissonne au contraste.

 

J'hésite un peu pour divorcer de mon image ; succombe à la tentation d'aller me perdre, me noyer dans cette brume.

Et puis…je n'hésite plus: je plonge ! La porte est vite ouverte, vite refermée. Je n'ai que spartiates aux pieds et l'étui de mes clefs.en main.

 

Mes seins battent lourdement le rythme de mes pas, et çà me
plaît ! Mon cœur – comme le dit très justement le cliché trop connu pour que je l'évite – bat la chamade: çà couine à mes oreilles !

 

La clarté du jour est plus intense, plus diffuse aussi; le brouillard s'est épaissi mais j'entends les oiseaux plus nombreux qui pépient dans les Fusains et les Aucubas… un chien aboie dans le lointain… Cerbère m'attendrait-il ?

 

Je suis encore sur le trottoir, qu'un autobus me dépasse, glisse dans le coton, s'arrête un instant, éjecte une silhouette sombre pressée, son regard m'effleure sans me voir, j'observe sa dissolution dans la grisaille en surfusion…

 

… ainsi ne suis-je pour lui – comme pour le cycliste qui me contrepasse – qu'une ombre, un  spectre, un fantôme…est-ce que seulement pour quelques-uns ai-je pu exister ne serait-ce qu'en tant que phantasme ?

 

…le phantasme, c'est moi qui le tiens, le couve, le réchauffe dans mon sein, comme dirait le poète… dans mon giron, comme disait jadis ma copine Simone, lorsque elle se masturbait n'importe où de manière éhontée… y compris pendant l'office !

 

…je suis ivre d'une liberté jamais éprouvée jusqu'ici: j'ai atrocement peur d'être surprise et j'ai envie d'être vue; je voudrais que cela ne cesse point… je rie… je chantonne… je psalmodie le "Magnificat"…

 

…allons ! Vite ! Mes malades m'attendent, mes vieux pour leur toilette, mes handicapés pour être mobilisés, mes anorexiques à nourrir, mes autistes à stimuler, mes prématurés à surveiller, …filles et garçons au dispensaire pour écorchures ou panaris, ecchymoses ou dents branlantes… quelques avortées à consoler (j'en ai… aidé quelques-unes !), et le lot de rixes, de viols, de coups et de chutes sur la voie publique… sans compter les morts: les seuls que nous ayons à voir tous deux, mon Père !

 

Active-toi, ma fille ! CARPE DIEM ! puis rentre chez-toi avant qu'on ne te reconnaisse, te dénonce, t'embastille !

 

…mon doigt cherche le centre vivant de mon corps mélancolique…l'acédie ! Oui, mon Père, l'acédie !

 

… le trouve et me trouve, dure et juteuse à la fois…oh ! trente secondes, curieuse, sur mon anus palpitant… une minute, attentionnée, à masser mes grandes lèvres… une minute, impatiente, à étirer mes nymphes… trois minutes, fébrile, sur le capuchon… cinq minutes de sublimes violences sur le bouton érecté ; les yeux fermés sur une nuit intérieure étoilée de phosphènes, hors du monde, je m'illumine d'un soleil soudain et royal… des sexes autour de moi dressés venant de ma mémoire de tous ces hommes à moi abandonnés dans leurs souffrances muettes… j'émets trois jets dont on m'a appris qu'ils n'étaient point de l'urine… je suis une "femme-fontaine" capable d'éjaculer…

 

… les yeux toujours fermés, je me détends, m'affaisse sur le banc vert, soupire: il faut rentrer…

 

… et j'entends, tout à côté de moi :

"Alors ? C'était bon pour Vous ? En tout cas, merci pour ma part ! Dans ce brouillard, ma journée est devenue resplendissante !


 

…le garde du parc ! Un invalide, une "gueule cassée", souriant de toute sa cicatrice… Alors, mon Père : Ange ou Démon ? Il me prête sa pèlerine : le brouillard s'effiloche, du monde vient ; il me raccompagne à ma porte…

 

…je rentre chez moi, remets mon habit de sœur séculière asexuée : jupe longue grise, bas noirs opaques, chaussures à lanières de cuir, chasuble bleu-foncé, croix de bois…"entre les seins" (soigneusement plaqués sur le torse par une large bande de jersey) coiffe blanche avec la croix rouge…

 

Je ressors pour me rendre à l'hospice, retrouver les patients qui m'ont été confiés. Je marche, honteuse d'être ainsi heureuse… heureuse d'être aussi honteuse ! AH ! Je n'ai toujours pas de culotte… et j'ai décidé de m'épiler ce soir !

 

Il est là et me fait un salut militaire…

 

 

 

P.S.   Simone, la "satanique" : pendant que j'étais dans les enfers européens puis asiatiques, elle était dans les enfers africains et sud-américains. Elle fut violée trois fois, avorta une fois, fut laissée pour morte une fois…

 

…serons-nous pardonnées, mon Père, de nos "péchés" ?

 

 

 

Par Michel Debray - Publié dans : Mots - Communauté : Art' sex
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