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  • Michel Debray
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Mercredi 2 juillet 3 02 /07 /Juil 12:26

 Pour Sandrine...

CHAPITRE II

 

 

 


Toujours nue et bottée, elle fumait en silence. En fait, nous n'avions pas échangé un seul mot depuis la bretelle de Dordive. Elle enclencha un des bou­tons préréglés de l'autoradio mais FIP s'était tu.

“Mettez-moi de la musique ”, demanda-t-elle.

Je lui envoyais France-Musique dans les trompes d'Eustache. Concerto pour la main gauche de Ravel. Du moins crus-je le reconnaître. Je me marrais intérieurement. Le corps dénudé de Sandra, pâle dans la lumière bleue de la nuit, appelait ma caresse. Je lui tou­chais le sein. Elle se laissa faire. J'aga­çais le tétin d'un geste circulaire mais elle se tenait rencognée contre la portière et j’étais maladroit. Déconcerto pour la main droite... Par je ne sais quelle pudeur post-orgastique, j'avais rangé mon affûtiau dans ma braguette.

“Je vous veux nu, mon ami, exigea-t-elle d'une voix suave mais d'un ton sans réplique.

- Je vais devoir m'arrêter...

- Allons ! Surtout pas. N'ayez crainte, je vais m'en charger. Mais, attention, vous ne devez ralentir sous aucun prétexte ! ”

Elle entreprit de me déshabiller. Ce ne fut guère chose aisée surtout lorsqu'il s'est agi d'ôter mon pantalon. Elle eut alors l'idée démo­niaque de pousser mon pied droit et d'accélérer à ma place. Je me débar­rassai de mon bénard en conduisant d'une main tandis qu'elle nous faisait allégrement foncer à 150 à l'heure. La malepeur m'avait contrit le patrimoine. Heureusement, il n'y avait guère de monde sur l'A 6 et je doublais aisément les poids lourds. A aucun moment elle ne leva le pied. Cette femme semblait ne rien connaître de la crainte. Je me retrouvai nu mais chaussé. A la bonne heure ! Sans mes godasses, je lui passais le volant ou je nous expédiais dans les décors : j'ai la plante des pieds sensible. Je transpi­rais, les fesses collées au cuir de mon siège, légèrement anxieux, le hochet rabougri.

Elle se mit à me caresser le ventre et à me mordiller le lobe de l'oreille. Ma main droite palpait ses cuisses. Nous roulions à nouveau à vitesse raison­nable.

Je savourais un peu le calme. Le grain de la peau de Sandra était d'une exquise finesse. Elle me branlotait à la douce et semblait goûter elle aussi la béatitude de la nuit. La grosse veine de mon pénis roulait sous sa caresse experte.

“Où sommes-nous ? demanda-t-elle.

- J'ai mis la carte de péage dans la boîte à gants. ”

Elle lâcha mon bâton de pèlerin et fouilla dans le désordre du boîtier. Elle dénicha le bristol mais ne put le déchif­frer.

“ Je ne vois rien.

- Il y a une lampe torche dans la boîte, sous la peau de chamois. ”

 Elle trouva l'objet et éclaira son carton. Éclairé faiblement par en dessous, son visage avait un je ne sais quoi de féerique. Une féerie mise en scène par Polanski...

“ Si j'ai bonne mémoire, nous nous trouvons entre Sens et Joigny.

- N' est-ce pas une station service qui brille là-bas ?

- Je crois, oui.

- Alors nous devons être au kilomètre 122, affirma-t-elle.

- Et au combientième orgasme ? demandai-je insolemment.

- Je vous en prie, ne soyez pas vulgaire.

- Vous savez, quand on est au volant d'une voiture, sur l'autoroute, à poil MAIS en chaussures de ville et en chaussettes de laine de la Maille picarde, on peut tout se permettre.

- Alors, permettez-vous tout, car

Homme goulu, femme fouteuse

Ne désirent rien de petit.

- De qui est cette sainte maxime ?

- J'ai oublié. Mon père me l'a répétée souvent.

- Homme plein de sagesse !         

- Oui. Il l'était d'autant plus qu'il n'était pas mon père...

- Qui êtes-vous ?

- Contentez-vous de ma présence et ne demandez rien.  Obéissez-moi. Masturbez-vous si cela vous enchante. Laissez-moi vivre ma nuit. Peut-être vous laisserai-je - si vous êtes docile - me faire VRAIMENT l'amour... ”

Elle remit la carte de péage dans le vide-poches, éteignit la torche, mais au moment de la ranger la contempla sou­dain avec gourmandise. C'était un beau cylindre d'acier poli, long de vingt-cinq  centimètres,  contenant quatre piles et terminé par une demi­-sphère vitrée. Elle ralluma la lampe et mena le faisceau lumineux sur ses seins, sur son ventre, sur sa touffe triangulaire.

“ Tu es belle ! dis-je dans un souffle.

- Tais-toi et regarde ! ”

Elle ouvrit le compas de ses jambes, posa ses pieds sur la planche de bord et caressa l'intérieur de ses cuisses largement éclairées. Divertimento baroque en modulation de fréquence. Adagio. Elle introduisit le manche de la torche dans sa vulve largement ouverte. Elle gémit un peu lorsque l'extrémité plate franchit le passage du vestibule mais elle ne tarda pas à enfoncer les deux tiers de l'instrument dans son corridor. La lumière blanche éclairait la longue perspective de ses jambes galbées. Elle donnait  à son godemiché improvisé un mouvement alternatif proprement fascinant. Andante. Le jet de lumière projeta vers l'avant un halo qui s'évasait puis rétrécissait. Allegro ma non troppo. Le mouvement s'accéléra et le chant de Sandra s'éleva dans la nuit relative de notre vitesse. Le piston lumineux  glissait maintenant sans heurt. Au début elle tenait le phallus inoxydable entre deux doigts mais elle se mit à l'agiter à deux mains, sans toutefois obscurcir le rayon de lumière qui semblait sourdre de son sexe même. Sa boîte à ouvrage avait com­plètement englouti la partie cylindrique de la lampe. La vision de ce phare vulvaire était hallucinante. Dans mon rétroviseur une lanterne borgne vint se placer sur mon arrière. Je n’y prêtais guère attention. Mon érection avait disparu mais ma verge laissait suinter un liquide pré-séminal qui sourdait du plus profond de mes glandes.

La lampe torche allait et venait au rythme des gémissements de la mastur­batrice. Sandra créait dans l'habitacle un light show inédit. Allegro con brio. Inconsciemment elle toucha l'interrupteur de son simulacre électrique et la lampe se mit à clignoter. Allegro vivace, après vous Madame, je n’en ferai rien : Queuchel 148 ! Sandra pro­pulsait son bas-ventre à la rencontre de l'olisbos inépuisable qui venait buter contre le col de sa matrice. Son sexe ruisselait, gourmand, goulu, baveux. Ses hanches roulaient en tempête. Je pouvais admirer d'un œil impavide le corps nu de ma passagère qui haletait sous ses propres coups de boutoir. Mes nerfs n'étaient plus qu'un écheveau barbelé. J'avais l'impression - les mains crispées sur mon volant - que mon crâne allait éclater. Sandra lança un cri qui me fit tressaillir (bien que je ne l'eusse pas encore très très saillie !) Cette diablesse était capable se défoncer l'utérus. Elle se recro­quevilla en position fœtale et la lampe glissa hors de l'étui de ses chairs brûlantes. Le phare unique nous sui­vait toujours. Une pétarade et je vis sur ma gauche une lumière oblique se rapprocher. Je parvins à distinguer dans le rétro extérieur une lourde moto à quelques mètres de mon aile arrière.

Le motard, vêtu  d'une combinaison noire et casqué d'un intégral jaune phosphorescent vint à notre hauteur. Il se rapprocha de moi, sans doute magnétisé par l'aura érotique que la DS ne devait pas manquer d'exhaler dans cette nuit de mai. Je le vis se pen­cher pour scruter l'intérieur de notre véhicule. La lampe torche, abandonnée aux pieds de ma charmante compagne de voyage, éclairait le bas de ses jambes inertes. La moto ronflait. San­dra reprit ses esprits et découvrit l'homme casqué. Elle chercha à tâtons sur le tableau de bord le bouton du pla­fonnier. La radio nous apporta Stoc­khausen sur un plateau de mégahertz. Des stridences, des rafales synthé­tisées, de gigantesques gargouillis de tuyaux. Reposant... Soudain l'habi­tacle fut éclairé par les soins de Sandra et le chèvre-pied motorisé put contempler nos nudités radieuses.

“ Ralentis ! ”

J’obtempérai et le motard dut nous devancer. Je le tenais dans mes phares comme un gros gibier surpris. Il avait ralenti comme moi et roulait à une dizaine de mètres à l'avant. Une sou­daine envie de l'écrabouiller me vrilla la cervelle. Il était l'importun, le gêneur, l'ennemi noir. Mais Sandra avait sa petite idée.

“Accélère, déboîte vers la gauche et mets-toi à sa hauteur”

L'autre attendait, prêt à la poursuite au cas où j'aurais tenté de le laisser loin derrière, dans un vain espoir d'automobiliste inconscient. Il y eut un petit temps de synchronisation et bientôt nous roulâmes en parallèle à 110 à l'heure.

Sandra alors s'agenouilla sur la banquette, perpendiculairement à la route, se cambra magnifiquement et colla son cul à la vitre de la portière tout en se cramponnant à mon estoc.

Cette folle situation redonnait vigueur à ma trique. Je tenais fermement le volant, tous les sens en alerte, prêt à tout. Sandra me masturbait en dou­ceur, la vulve appliquée telle une ven­touse à la surface froide du verre. L'autre, sur son coursier, devait la voir à contre-jour. Pris au jeu, je décidai d'obscurcir l'habitacle. Un bolide surgi de l'arrière décéléra, nous envoya une giclée de lumière blanche, klaxonna et nous dépassa après que nous ayons, toujours en parallèle, rejoint la voie de droite. Le motard nous serrait de près, suivant la ligne blanche de l'accote­ment. Je voyais son image dans mon rétro extérieur droit. Il se tenait à la hauteur de ma portière arrière et son gros phare éclairait en partie le cul offert plaqué contre la vitre. Sandra tenta d'atteindre de la main le lève-glace à manivelle mais elle n'y parvint point. Elle se rassit donc, baissa la vitre gluante de son jus et reprit sa posture de sphinge mais cette fois laissa ses fesses passer par la béance ouverte sur la nuit. L'air frais me fit frissonner. Elle fit passer une main sur son ventre et je compris qu'elle désignait du doigt l'entrée de sa vulve. Puis elle se reprit à me polir le jonc. Le centaure comprit très vite. Il vint se placer à la hauteur de ce cul incongru, fouetté par tous les vents d'Éole, large, ouvert, aux sucs s'évaporant toujours renouvelés. Il tendit sa main gauche lourdement gantée et après quelques essais infructueux, il enfonça son gros index de cuir dans le vagin crispé qui l’appelait. Sandra cria. Je m'efforçais de tenir l'allure et lui, de son côté, devait faire des efforts inouïs pour coïter digitalement cette chatte mou­vante qui s'agitait inexorablement vers la froidure du vent et la roide pénétration.  Sandra se mit à ressembler à une bielle de locomotive. Tout son corps tanguait. Elle projetait son bassin vers l’extérieur, puis revenait vers moi en laissant traîner ses bouts de seins sur la banquette. La cambrure de ses reins était d'une affolante beauté. Je la dévo­rais des yeux et l'homme casqué con­templait lui aussi ces globes formi­dables entre lesquels son doigt s'était englouti. Il tentait de donner à sa sénestre un mouvement de va-et-vient rendu malaisé par sa position et la vitesse.

Un écart de la moto et le doigt se désenconna. Sandra poussa une longue plainte de bête blessée. Je vis le dard de cuir mouillé revenir vers l'entrefesson. Hésitation. Je fixai l'aiguille de mon cinémomètre à 110. Essai manqué. Le motard reprit son guidon à deux mains, maîtrisa sa machine, la stabi­lisa et renfouit son doigt dans la four­naise. La jonction fut rétablie. Apollo­-Sayud, congratulations ! Sandra se mit à hurler. Elle mordit le siège, ma cuisse, elle me comprima la verge avec une telle force que je ne pus que geindre.  L'autre, complètement absorbé par sa besogne masturbatoire, s'était rapproché le plus près possible de ma carrosserie et enfonçait son doigt - ses doigts ? - avec une rage muette. Je ne voyais rien de son regard, rien qu'un hublot de plexiglas renvoyant l'image déformée, onirique du cul qu'il pilonnait avec ardeur.

C'est ce fabuleux attelage qui passa sous les panneaux de la bretelle d'Appoigny. Des véhicules entrant sur l'au­toroute éclairèrent notre course démentielle et des stridences irritées se mêlaient aux dysharmonies désarti­culées de la musique électronique, aux jeux sonores et cliquetants des soupapes, des bielles et des pistons de notre monstrueux side-car. Nous pre­nions des coups de phares à iode plein les mirettes. Mon corps n'était qu'un tremblement sismique et ma verge, roide comme l'hiver sibérien, subissait sans broncher les manipulations sans mesure de ma passagère bavant d'une volupté sans partage.

Hoquetante, éperdue de plaisir sau­vage, au bord de la syncope, les fesses glacées et la conque en fusion, Sandra donna brusquement un coup de cul de force 6 sur l'échelle de Richter. La moto partit à la dérive. Son cavalier, le bras tendu, tenta de s'agripper à l'antre juteux qui lui échappait. Il obli­qua vers la gauche. Son guidon vint crisser contre ma portière droite. J'étais affolé. Je voulus freiner mais des phares sur la voie descendante m'éblouirent. Un large virage s'annon­çait. Le trou noir. J'allumai pleins feux et accélérai à fond. La moto revint cogner comme un gros insecte contre ma droite puis prit la tangente et piqua droit vers la barrière d'accote­ment. Le choc fut épouvantable. Je vis dans mon rétro l'homme et la machine rebondir sur la chaussée, se coucher et glisser vers le terre-plein central dans une gerbe d'étincelles. Là commença une formidable culbute dont je ne vis que l'éclat rougeoyant des feux. San­dra gisait, roulée en boule, sur la moquette, la main toujours crispée sur ma pine. Le dernier choc sourd de la chute du motard coïncida avec l'ultime percussion de la pièce musicale qui avait accompagné notre folie.

Mélomane en diable, j'éjaculais. A 130 à l'heure.

Je fis une légère embardée qui sortit Sandra de sa torpeur, à moins que ce ne fut l'annonce radiophonique d'un concert de Gato Barbieri à Juan-les­-Pins. Là-dessus, une belle voix de basse nègre entonna Swing low, sweet chariot, ce qui tombait une nouvelle fois avec un à propos proprement miraculeux.

Le spiritual réveilla une bouffée d'al­truisme comme si le Saint-Esprit lui­-même fût descendu en moi, acceptant du même coup de cohabiter avec l'indé­niable odeur de cul qui régnait dans la voiture.

“Il s'est cassé la gueule, fis-je laco­niquement.

- Qui ça ?

- L'homme à la moto. J'ignore si l'on retrouvera sa culotte, ses bottes, son blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos...

- J'aime le goût du foutre, se contenta-t-elle de dire, même refroidi. ”

Alors elle lécha les petites flaques de sperme dont j'avais aspergé mon ventre et mes cuisses.

 

 

N.B. - Après examen du Bureau de Vérification de la Véracité des Faits Contenus dans les Bouquins de Cul (B.V.V.F.C.B.Q.), l'auteur signale  son aimable clientèle que la posture signalée à la page 15 est parfaitement irréalisable pour des raisons d'incom­patibilités anatomiques et carros­sières.

En conséquence, il conseille vive­ment à ses lecteurs et lectrices

- soit d'enlever purement et simplement les portières de la voiture et d'at­tacher leur ceinture de sécurité,

- soit de se hisser, par l'adjonction d'un ou plusieurs volumes convenables (valises, par exemple, posées sur le siège) à la hauteur de la vitre,

- soit encore de choisir un motocy­cliste ayant le bras très long en évitant néanmoins le genre Mourousi.

 
Chapitre Premier


Pour commander le manuscrit - le livre est épuisé - pour 18 €, franco de port.
m_debray@club-internet.fr

Par Michel Debray - Publié dans : Mots - Communauté : Arts érotiques
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Commentaires

merci Michel !
j'aime l'histoire, j'aime le style...

je peux tenter de la mettre en image... je n'ai pas de DS, je possède en revanche une moto noire avec un casque fluo, troublante coincidence, non? je ne garantie pas la cascade, cependant.

c'est un jeu qui me plait, il me ressemble.

tiens moi informée,
bisous
sand

commentaire n° :1 posté par : sandrine-coquine le: 02/07/2008 à 13h04

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