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LA VULVE
photp zefree
Les petites barquettes de Lu, parfumées à la gelée de fraise industrielle, en donnent une image simplifiée et simpliste. Telles
quelles, elles ont néanmoins le mérite d'habituer les enfants des deux sexes aux délices futures du cunnilingus. Un vestibule naviculaire aussi rouge que la gelée de fraise doit être soupçonné
d'inflammation. Le rose saumoné de l'entrée vaginale, le vieux rose des nymphes au repos, le bistre des grandes lèvres, le gris coloré du capuchon, le mauve tendre de la fourchette périnéale, le
parme succulent du clitoris encore dissimulé sont des variétés chromatiques de bon aloi chez la femme blanche. Les Africaines offrent des bruns de Havane, des plis sombres de chocolat, des grains
dardés d'Arabica, des ocres rouges intérieurs, des sanguinolences vulvaires dans l'extase. Le racisme, ici plus qu'ailleurs, est une injure à la Création. Dans tous les cas, la carnation doit
aller de pair avec le fumet, à l'instar du melon, du coulommiers ou de la langoustine. Une vulve aussi désodorisée qu'une sanisette ne fera bander qu'un droguiste. Certains spray
transforment ces lieux en tisanerie d'hospice. Pourtant il n'est pas mauvais qu'un exact parfum délicatement posé sur le pubis ou vaporisé légèrement sur le voilage du string vienne avec
discrétion relever la fragrance naturelle du sexe. La vulve de prime abord doit offrir un goût à peu près semblable à celui d'une bouche saine. Gonflée de sève, tuméfiée d'excitation,
ruisselante, la chagatte laisse d'abord sourdre un liquide incolore, un peu collant, exacte réplique de la liqueur pré-séminale du mâle. Il y a là du maritime, de l'océanique, de cette douce
gluance qu'on retrouve dans la coquille des bulots. La langue fureteuse sollicitera le clitoris en sachant bien que cette clé peut provoquer un orgasme sans retour. Elle peut flatter la piquante
dépression du méat urétral. Les lèvres peuvent mâcher la viande douce des nymphes qui se dressent comme des crêtes. Le nez et le menton peuvent offrir de longues caresses depuis le petit gland
clitoridien jusqu'au-delà du périnée. Mordiller les fesses, exciter le doux intérieur des cuisses, taquiner le glabre et s'insinuer dans le pileux sont affaire d'improvisation, d'inspiration et
de goût... L'insistance des caresses buccales provoquera la réaction des glandes de Bartholin qui vont sécréter un suc plus fluide, moins visqueux, blanchâtre et, ô merveille, très
légèrement sucré. Nous voici alors dans le lacté. A déguster sans se presser, comme un vin vieux, chargé de ce gras qui macule la coupe. La senteur évoque l'aigre-doux du yaourt ou du bas-beurre.
Comme tout à l'heure la mer était tout à la fois présente et lointaine, voici maintenant les caves où s'affinent les louchées de fromages frais en faisselles. Certaines femmes ont des senteurs
caprines. Celles-là, sportives, danseuses ou naïades, parfument les vestiaires de leur exaltant fumet. Elles sont blondes ou rousses. Les avoir dans le nez est une résurrection certaine. Ajoutons
- et c'est évidemment une réalité scientique - que la vulve présente en lumière noire une opalescence de gros ver luisant. Cela va du jaune citron chez la très jeune fille à la purpurine majesté
de la femme en pleine maturité ou en plein oestrus, en passant par la gamme des vermillons et des carmins selon l'âge du sujet ou l'époque du cycle. On peut alors imaginer sur le parvis de la
Grande Arche un spectacle sons & lumières réunissant dix mille femmes de tous âges, de toutes races et qualités, toutes vulves dehors, gonflées comme des spis, phosphorescentes dans la nuit
du 14 Juillet, galaxie rougeoyante de féminité totale, exhalant de leur intimité des soupirs mis en espace par Jean-Michel Jarre ou mieux, par Catherine Lara...
Par Michel Debray
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Publié dans : Blasons
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