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Vendredi 3 février 5 03 /02 /Fév 18:09

 

LA MAISON DES PLAISIRS

 

Chapitre 2 - Sapho

 

 

Lady C. est insatiable. Lady C. est gourmande et curieuse de tout. Mr Tambourine Man est tout à son écoute, à sa dévotion. Il aime lui faire plaisir, il aime la dévergonder et cela depuis le début de leur rencontre. C’est un homme d’âge mûr, elle est une jeune femme. Très vite ils ont compris que leur goût irrépressible de liberté les réunirait dans une quête éhontée de jouissances sans scrupules. En fait, ils ressemblent à ces libertins du Siècle des Lumières, sans le sadisme proprement sadien et la cruauté qui anime le couple diabolique du Picard Choderlos de Laclos dans les « Liaisons dangereuses ». Ils sont juste dans un plaisir solaire, dionysiaque, exempt de la noire jalousie et des tristes ressentiments. Elle est trop jeune pour connaître les romans hédonistes d’Emmanuelle Arsan mais lui sait qu’avec Lady C. il forme un couple dans le genre de celui que formait Mario avec sa douce et resplendissante élève eurasienne.

Il peint. Des modèles très différents poussent la porte de la vaste demeure et viennent se dévêtir devant le chevalet, la peur ou l’excitation au ventre. Lady C. vient boire un café dans l’atelier. Évidemment nue ou couverte d’un déshabillé transparent de velours gris. Mr Tambourine Man fait crisser son fusain sur la toile apprêtée. Sur un sofa, une brune beauté s’alanguit dans sa totale et blanche nudité. Lady C. sent son vagin se contracter.

Elle est belle ! souffle-t-elle à son amant. Tu dois bander comme un âne.

Je ne mélange pas le plaisir et le travail !

A d’autres !

J’aimerais que tu me suces longuement pendant que je peins. Savoure mon suc, la main sur ta craquette…

Elle écarte les pans de son peignoir de soie noire car il aime peindre presque nu. Il est debout. Il tient en main une brosse de martre. Sa palette est posée à sa gauche sur un petit meuble qui fut propre… Elle s’agenouille sur un pouf, se cambre et attrape le chibre tordu comme un cep de vigne, noueux, trempé, entre ses lèvres. Elle grogne d’aise. Il sourit au modèle un peu désemparé qui ne sait plus quelle contenance prendre. Il s’agit de Victoria, une superbe Kabyle aux yeux bleus et à la peau très pâle. Une longue chevelure croule sur les seins de belle facture aux aréoles larges comme des soucoupes. Elle a pris une pose d’odalisque. Elle porte de lourds bijoux d’argent : boucles d’oreilles ouvragées, pendentif incrusté d’émaux aux couleurs des yeux de faïence, bracelet s parallèles mettant en valeur la finesse des attaches, chevilles comprises au-dessus des pieds sans péché, littéralement impeccables, aux ongles vernis de brun carminé. Victoria pose une main à l’orée de son pubis de jais, au pelage lisse, parfaitement dessiné.

Mr Tambourine Man pose son pinceau, prend délicatement la tête de sa suceuse par les tempes, s’affranchit de sa fellatrice goulue et se dirige à pas lents, triquant, vers Victoria.

Tu permets, chérie ? Victoria, vous permettez, je veux  observer, contempler le sexe assurément somptueux qui se trouve sous cette toison d’un noir de Mars parfait.

Vous n’y allez pas par quatre chemins, mon cher ! dit Victoria en rougissant.

L’artiste s’installe sans vergogne devant le corps impudique de son modèle. De l’index il écarte deux délicieuses nymphes brunes, à la limite du violacé, qui s’épanouissent à ce contact. Victoria frémit.

Chérie, viens voir cette merveille !

Lady C. rampe vers la couche où le modèle semble se crisper. Le visage de Mr Tambourine Man est à trente centimètres de sa vulve qui s’émeut. Victoria perçoit le souffle chaud du peintre qui bande davantage ce que Lady C. perçoit immédiatement. Elle saisit le membre humide et décalotté, se love contre son amant et  se met à mater le sexe désormais ruisselant de Victoria qui  rosit intensément du visage et de la poitrine. Sa respiration s’accélère mais elle reste immobile, prise encore au jeu de la pose « artistique ». Le peintre ne la décourage pas : qu’elle demeure ainsi, figée mais en une ébullition qui est trahie par la mouillure de son sexe et sa carnation rosée.

Regarde, chérie. Regarde comme elle mouille sous nos regards. Tout à l’heure, en se déshabillant, elle était un peu compassée, tu sais, cette attitude un peu ridicule de vierge qu’on mène à l’outrage. Maintenant, regarde, nue, ouverte, juteuse, elle se lâche peu à peu.

Victoria se mord les lèvres. Elle voudrait gifler ce type, pour sa goujaterie, lui faire avaler son pinceau, mais son sexe « pense » autrement.

C’est vrai que c’est beau, mon ange ! Hum ! Je mouillais comme une chienne tout à l’heure en te suçant, mais là, c’est autre chose, sa chatte,  hum… je peux ?

Elle ne s’adresse pas à Victoria qui est au comble de la rage et de l’excitation, mais à son amant, comme s’il s’agissait d’un objet convoité. Il écarte les lèvres intimes. Lady C. lâche la queue palpitante de son amant et plonge son doigt médical dans la soie humide de la vulve vultueuse. Victoria crie en lâchant un flux de cyprine qui la foudroie. Soudain elle se tord comme sous l’emprise d’une possession, se pétrissant les seins avec fureur, écartant les cuisses convulsivement puis les refermant d’un coup sur le bras de Lady C., se cambrant comme une carpe, s’attrapant les fesses avec obscénité. Elle se redresse, saisit violemment Lady C. par les oreilles, s’ouvre en grand et plaque le visage de la compagne du peintre sur son sexe volcanique. Lady C. est stupéfaite, noyée dans un maelstrom de désir liquide et odorant. Elle reprend son souffle, émerge et entreprend de découvrir de la langue et des lèvres la chatte magnifique, torride de Victoria qui s’ébroue, s’allonge enfin et s’abandonne à la caresse inédite.

Lady C aime le pénis, depuis toujours, depuis son adolescence et sa découverte sans honte des plaisirs de sexe. Lady C. aime faire éjaculer ses amants, elle reçoit leur foutre sur ses seins, sur sa langue, sur sa vulve, dans le tréfonds de son vagin ou de son rectum toujours avec une grande exaltation et sentiment d’avoir bien œuvré aux mâles plaisirs mais la voici fascinée par ce sexe sororal, d’une renversante beauté. Elle retrouve les sensations oubliées depuis la naissance : le liquide amniotique ou son équivalent symbolique dans lequel nous avons tous baigné, que les hommes retrouvent avec leurs amantes mais dont les femmes hétérosexuelles sont frustrées. Lady C. se repaît de l’onde visqueuse que Victoria émet en continu. C’est d’abord poisseux, transparent, puis au fil des orgasmes que les doigts et la bouche de la fouilleuse procurent à la belle branlée, cela devient laiteux et inonde le visage radieux de Lady C. qui elle-même ruisselle de plaisir.

Regarde-nous ! Regarde-nous en te branlant jusqu’à l’éjaculation, va t’asseoir là-bas ! dit-elle à l’adresse de Mr Tambourine Man.

Puis enlaçant Victoria elle retrouve naturellement les gestes traditionnels des gousses, seins contre seins, tétons contre tétons, vulve trempée frottée sur la cuisse enserrée de la compagne qui rend la pareille, contacts forcenés de lèvres intimes boursouflées, baisers furieux.

Le novice, l’ignorant n’imagine pas la violence, la fougue, la rage qui peuvent présider aux rapports saphiques quelquefois. Certes, il y a la douceur de la découverte, mais le désir chez deux femmes peut devenir terriblement impérieux. Nous savons cela, nous hommes, lorsque nos amoureuses nous supplient soudain de les pénétrer, de les injurier, de les fesser, de les soumettre. Nous savons cela lorsqu’elles se mettent en tête de jouir dans les circonstances les plus risquées et les plus dangereuses, gémissant à une table de restaurant, se branlant frénétiquement dans un embouteillage, jouissant sur le combiné noir d’une cabine téléphonique…

Lady C et Victoria ne dérogent pas à la règle. Échevelées, hurlantes, pleines de leur foutre femelles, les doigts plongeant dans tous les orifices, mordillant seins et cuisses, nymphes et clitoris, elles enchaînent orgasme sur orgasme tandis qu’après avoir joui trop vite Mr Tambourine Man les immortalise en les photographiant. Ce sont des pieuvres, ruisselantes de secrétions, de salive et de transpiration… Elles sont magnifiques et reposent enfin, le souffle court, frémissantes de plaisirs repus et d’émotions intenses.

Plus tard, elles se savonneront mutuellement dans un bain parfumé de vanille et toucheront encore leur sexe sensible. Puis s’essuyant et se séchant, elles s’embrasseront dans un tendre et fabuleux baiser amoureux.

Tu n’as pas faim, toi ? dit Lady C. à Victoria qui se nomme en réalité Leïla. Moi, j’ai une faim de louve… Je te dévorerai bien mais je veux en laisser pour Mr Tambourine Man. Tu veux qu’il te baise ?

Au point de bien-être où  elle se trouve, Victoria-Leïla acquiescerait à toute proposition même – surtout – à la plus indécente…

 

MD

 

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Par Michel Debray - Publié dans : Mots - Communauté : Arts érotiques
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