J'avais déjà apprécié le spectacle nightshade belladonne qui faisait le lien entre danse et strip-tease avec talent et sensibilité par une série de tableaux tour à tour drôles et émouvants
Pâquerette de François Chaignaud et de Cecilia Bengolea qui jouait déjà dans nightshade belladonne restera-t-elle dans les annales ou plutôt dans les "anales" ? Ce spectacle date déjà de 2008
Pâquerette fait un clin d'oeil à un écrit de Théophile Gautier.
Jérôme Delatour écrit : "Toute la pièce repose sur l'utilisation dans la danse de l'anus et de sa pénétration, à l'aide des doigts ou d'un godemichet. L'idée est nouvelle et ne manque pas d'intérêt. Cette intromission est source de sensations et de contraintes singulières pour le danseur, et de plaisirs et de douleurs d'ordre plus sexuel que l'exercice des autres parties du corps traditionnellement mises en jeu dans la danse.
...
Cette discrétion foncière oblige les deux interprètes à surjouer, à grands renforts de râles et de grimaces extatiques. Ceci est particulièrement vrai dans la première partie, conçue littéralement comme une lente introduction, où les danseurs assis se présentent couverts, parés et grimés comme de nouveaux époux, yeux délicatement révulsés, comme les mystiques du Grand Siècle. Du coup, la performance manque de naturel, flirte avec le bouffon, invitant le public à rire (ce qu'il fait de bon coeur).
Bref, Pâquerette laisse un sentiment d'artificiel et d'inabouti, d'exercice de style un peu vain. Certes, comment aller plus loin, développer un tel concept, le rendre plus perceptible ? Le
mérite de la pièce reste sans doute d'ouvrir, par son esprit bon enfant (car elle ne donne pas dans la provocation ni dans l'agression gratuite), la voie à de nouvelles expériences, et
d'introduire le sexe dans la danse de manière plus directe et décomplexée. A voir le public qui squattait le premier rang - encadrant un vieux couple bourgeois en mal de perversion, une brochette
de voyeurs patibulaires - il reste beaucoup à faire dans ce domaine...
Malgré la déception, j'accorde donc sans regret à François Chaignaud et à Cecilia Bengolea le bénéfice de la candeur. Et je pardonne beaucoup à Cecilia Bengolea qui, dans une interview,
déclare s'inspirer d'Isadora Duncan et de sa révolutionnaire liberté. Elle n'a pas tort."
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