Vendredi 25 décembre
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Ton corps est ma faune ô ma belle panthère
Le ouistiti charmant et sauvage ô petit singe noir grimpé le long de ton bras jusqu’à l’aisselle
Ils sont deux, chacun dans leur arbre au creux de l’aisselle
Petites bêtes charmantes
Et ces paons dans ta chevelure
Rouant la nuit d’amour
Mais les hirondelles des yeux d’hiver tes cils
Jolis chevaux dans la plaine tes sourcils
Cygnes tes beaux bras aux neiges éternelles
Mais ce nœud de serpents se love à ton nombril
Colombes de tes seins qui palpitent pour moi
Belles mules attelées à tes hanches tes fesses adorées
Et l’ourson qui dérobe un rayon de miel entre tes cuisses
Il y a là aussi un coquillage marin
Les trompes d’éléphants sacrés que sont tes jambes
Les oreilles hippocampes roses dans un océan de délices
Ton ventre est une raie qui glisse dans le sable marin de la mer aphrodisiaque
Les plis du coude écureuils sautillant sur des branches de corail
Hermines de tes mains si douces sur mon cœur
J’entends bêler les brebis rouges du bout des seins
Et la taupe qui dort entre tes fesses
Abeilles de ton nez qui palpite narines
Lèvres lévriers rouges qui courez après le tigre rose de la langue
La luette cacatoès sur le perchoir
Et ce vol de mouettes ô dents sur la Méditerranée parfumée de la bouche
Le petit renard malin tapi tout en haut de tes lèvres secrètes
Ô Pied ô gazelles
Papillons ongles des doigts
Lucioles ongles des orteils
Yeux oursins des lumières profondes
Et tes flancs semblables aux lionnes
Cernes aigles planant sur ma royale ardeur
Chèvres tes doigts
Porcelets roses les orteils
Ton corps est ma faune Ô ma belle panthère
Et parmi cette faune je suis l’homme
Et tu es la femme
Et notre union est Dieu ô mon amour
(Poème de Guillaume Apollinaire, In Lettres à Madeleine)
http://poilnet.erog.fr/article-19934383.html
LE BAISER SOUS L’AISSELLE
Plonger, quand ton aisselle est en sueur, ma bouche
Sous ton bras tiède et mou, dans les poils bruns et fins
Et là, gaver à pleines dents toutes mes faims
Du beau corps savoureux sur qui mon corps se couche.
Ah ! le rêve réalisé ! — Ma langue est là,
Dardée à la naissance odorante des touffes
Et ma bouche à baiser pleurant que tu l’étouffes
Lisse aux lèvres les poils que la langue emmêla.
De longs frissonnements te courent, ô peureuse !
Sous la caresse ta haute aisselle se creuse
Et tremble ta mamelle où j’ai les doigts crispés,
Quand je puise, abrité par ton bras, ô clémente !
Dans la coupe de peau nubile aux bords jaspés
Où l’âcre vin de la chair en chaleur fermente.
Pierre LOUYS
Par Michel Debray
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Publié dans : Blasons
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