Baiser souvent n’est-ce-pas grand-plaisir ?
Dites ouy, vous autres amoureux ;
Car du baiser vous provient le désir
De mettre en un ce qui estoit en deux.
L’un est très bon, mais l’aultre vault mieux :
Car le baiser sans avoir jouyssance,
C’est un plaisir de fragile asseurance ;
Mais tous les deux alliez d’un accord
Donnent au cœur si grande esjoussance,
Que tel plaisir oubly à la mort.
Un jour Robin vint Margot empoigner,
En luy monstrant l’oustil de son ouvraige,
Et sur-le-champ la voulut besongner ;
Mais Margot dit : « Vous me feriez oultraige :
Il est trop gros et trop long l’advaintaige.
- Bien, dit Robin, tout en vostre fendasse
Ne le mettray » et soudain il l’embrasse,
Et la moitié seulement y transporte.
- Ah ! dit Margot en faisant la grimace,
Mettez-y tout : aussi bien suis-je morte. »
Comme un escolier se jouait
Avec une belle pucelle
Pour lui plaire bien fort louait
Sa grâce et beauté naturelle,
Les tétons mignards de la belle
Et son petit cas, qui tant vault.
« Ha ! Monsieur, adoncq’ce dist-elle,
Dieu y mette ce qu’il y faut. »
Clément Marot
1495-1544
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