Artiste belge.
Le parcours de Stéphane Mandelbaum (fils de Arie, lui même dessinateur) né en 1961, aura été de courte durée. Cet artiste devenu braqueur "parce qu' il n'éprouvait pas au travail cette
pleine sensation d'être qu'il découvrit lorsqu'il se mit radicalement en péril"... comme dit Georges Meurant, sera assassiné en 1986 et son corps retrouvé par des gamins sous les sinistres
piliers du viaduc de Beez (Belgique). Reste l'oeuvre d'un artiste tourmenté par une homosexualité en délire et vivant, par défi, dangereusement.
En fait, à la fin de sa vie, Mandelbaum fréquentait les mauvais garçons qui l'ont finalement tué. Cela n'est pas sans évoquer la fin du cinéaste italien Pier
Paolo Pasolini. (M.D.)
Intense, diverse, souvent poignante, elle témoigne du talent d'un homme, qui, sans grand bagage, domine avec aisance la technique du dessin et saisit
naturellement l'essentiel. Cette recherche de l'essentiel commence dès l'adolescence. Pour preuve ce "Shoret", portrait en pied d'un boucher juif, fait d'une huile épaisse, quand il avait 15
ans.
Plus tard, en 1980, il représentera, au bic, sur papier, un autre "Shoret" au regard goguenard, au tablier montant haut sous les bras, au couteau prêt à
trancher et entouré de petits messages et graffitis qui en disent long sur un judaïsme lourd à porter. On peut y déchiffrer, entre autres : "Je dansai avec une femme qui était une putain
juive. J'en éprouvai un sentiment étrange" ou encore : "je fréquentais des gangsters juifs".
Les dessins sont à la fois touchants et durs. Avec une bouleversante économie de moyens, Mandelbaum communique son mal-être. Il provoque ? Non, il
souffre. Il appelle au secours. Les rebelles ont du mal à se faire entendre et l'artiste est de ceux là, empêtré dans ses phantasmes de sexualité et de mort.
Ses compositions sont des pages d'histoire remplies de secret que chacun traduira à sa guise. Tel le portrait de Nasser à la gueule de travers, coiffé de
papier brun et surgissant au milieu d'un petit monde de personnages hétéroclites dont Monsieur Mitsuhirato, l'enquiquineur agressif sorti du Lotus Bleu. "Bonjour, messieurs" griffonne l'artiste
non sans humour.
Des individus réels ou imaginaires épinglés jusque dans le moindre détail, à coups de petits traits simplifiés, émergent du support immaculé créant un
incessant tourbillon de contrastes, d'ombres et de lumières.
On croise Bacon, aux yeux hagards. Goebbels, hurlant sa haine, les poings serrés.
On lit : "J'ai braqué une banque" ou "je suis né juif"... Rien n'est serein dans l'oeuvre de Mandelbaum. Un (auto ?) portrait « sans
titre » trace en quelques coups de bic acérés presque violents, le visage veule et déchirant d'un mec prêt à tous les mauvais coups. Il n'attend plus rien de la vie. Le torse est viril, le
nez épais, la bouche désabusée. Le cheveu lourd occulte le regard. La détresse est inscrite au plus profond de ce fascinant visage et noue les tripes de qui s'attarde à le regarder. Même l'art
qui aurait pu le sauver n'a rien pu pour Mandelbaum. Son présent n'était que mise en danger, sa perception des choses exacerbée. On songe à Pasolini que son interprétation personnelle des
mythes aura conduit au bout de l'enfer. Comme lui, Mandelbaum laisse une oeuvre forte et un goût amer de "trop peu" ». Colette Bertot
Copyright © 2003 Mémoires et Colette Bertot.
Je ne connaissais rien de cet et c'est un peu par hasard que j'ai trouvé puis cherché ces oeuvres intenses.
Novembre 2024 | ||||||||||
L | M | M | J | V | S | D | ||||
1 | 2 | 3 | ||||||||
4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | ||||
11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | ||||
18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | ||||
25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | |||||
|
Derniers Commentaires