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Ce tableau mythique est un passage obligé pour qui se passionne pour l'art érotique.
Cette peinture commandée par le collectionneur diplomate turc Khalil Bey en 1866 fut longtemps recouverte par un voile vert ou par un
autre tableau. Son dernier propriétaire, aussi dissimulateur que les précédents, fut le psychanalyste Jacques Lacan. Le scandale que suscita cette toile réaliste à la fin du XIXe siècle et sa
constante dissimulation témoignent de la difficulté et de la complexité des relations entre sexe, art, homme et femme. Depuis 1995, l'œuvre est visible au Musée d'Orsay à Paris et un film de
Jean-Paul Fargier retrace l'histoire insolite de ce chef d'oeuvre (coproduction Musée d'Orsay, Ex Nihilo, La Sept/Arte, RMN).
Les sexologues pour des besoins de descriptions anatomiques ont toujours dessiné des sexes, témoins "ces parties naturelles externes de la femme" dans le "Tableau de l'Amour Conjugal" par le
docteur Nicolas Venette et cette planche dessinée par Jacques Zwang pour le livre du sexologue Gérard Zwang "Le sexe de la Femme" (Editions Pygmalion, 1979).
Courbet est ici un peintre réaliste et anatomiste.
L'art est thérapie universelle et pour la femme, observer, dessiner, peindre, photographier, filmer la vulve, la déconstruire et la reconstruire peut être un acte politique de libération : gagner
la re-connaissance de soi, la confiance en soi, l'estime de soi. Laurence Chanfreau, photographe lesbienne, plus de cent trente ans après Courbet, plus de deux générations après Claude Cahun la
pudique photographe écrivaine lesbienne, est dans cette démarche d'appropriation de sa liberté en emprisonnant la vulve dans l'appareil photographique. Elle n'échappe pas à l'air du temps où le
sexe émerge autant dans l'espace et la parole publics que dans la chambre à coucher. Laurence Chanfreau n'échappe pas à sa condition de lesbienne occidentale où pour se re-connaître, elle s'inspire
du dessin anatomique de l'origine du monde et d'un certain univers gay, objectif afficheur du pénis. Avec Laurence Chanfreau s'expose la frontière artificielle entre imagerie médicale, artistique,
érotique et pornographique. Peut-être comme dans les années 1880 à 1970 où certaines lesbiennes portaient cravate et monocle pour s'affirmer dans un monde de mâles, Laurence Chanfreau est-elle
"contrainte" de revendiquer le Nu et le Cru de la Vulve pour accéder à notre devise républicaine tant bafouée : "liberté égalité fraternité". En d'autres termes faut-il que la femme soit soldate
décorée ou inconnue et montre son Con avec fierté comme le pouvoir mâle pour être l'égale de l'homme ? Peut-être. Faut-il le regretter ? A cliquer sur son site nous ne le regrettons pas.
Ci-dessous, un extrait du remarquable livre du sexologue Gérard Zwang "Le Sexe de la Femme", Editions Pygmalion, 1979, qui revendique la pilosité du Mont Vénus, des aisselles et des jambes de la
femme.
"Se prenant pour le parangon des vertus humaines, le mâle n'a pas encore pardonné à la femme ni d'être différente de lui tout en lui ressemblant, ni, surtout, de posséder une subjectivité autonome
malgré sa moindre force physique. De là découlent, depuis la mauvaise foi jusqu'à l'agression armée, ces déshonorantes conduites de haine contre le sexe de la femme.
Tout est reproché à la vulve et au vagin, de leur anatomie comme de leur physiologie : navrante litanie !
* Le sexe de la femme est velu : d'une façon générale, la femme n'a pas le droit de posséder du poil ; c'est gênant, disgracieux, sale. Pourtant l'homme ne se sent nullement incommodé par sa propre
pilosité ; bien au contraire il en tire gloire, se trouvant d'autant plus séduisant et viril que velu : le poil, bien avant Samson, était déjà le symbole de la force masculine. Depuis des
millénaires, les femmes de nombreuses contrées s'épilent avec assiduité le Mont et les grandes lèvres. C'est pour complaire au mâle, émondant une toison outrecuidante qui lui fait offense, qui
empiète sur sa prérogative pileuse. La plupart de nos contemporaines (sauf les malheureuses créatures que sont les femmes arabes) ont renoncé à ce ridicule déboisage. Les civilisées n'en continuent
pas moins à pourchasser "le poil superflu" des jambes, de la face, des sourcils ; encore plus systématique et révélateur le rasage des aisselles : ce creux des bras, odorant, humide et velu,
rappelle par trop le creux des cuisses, y conserver du poil constitue une coupable négligence. Dans un chapitre particulièrement odieux du livre qu'il a eu le front d'appeler L'Erotisme, Bataille
explicite la joie sadique qu'éprouvent ceux qui lui ressemblent à dénuder, dévoiler les parties pileuses de la femme et à lui faire honte de cette animale pilosité. Animale... si l'on veut, car si
Bataille n'avait pas été un parfait ignorant en zoologie (comme en paléontologie) il aurait su que la vulve des quadrupèdes et même des anthropoïdes est glabre. Le poil vénusien et vulvaire est un
ornement spécifiquement humain, spécifiquement féminin.
Nous trouverons chez les antiques Hellènes, une autre motivation du rasage sexuel : il tente de simplifier l'organe génital féminin.
* Le sexe de la femme est trop compliqué. L'ensemble de ses plis et replis paraît bien trop exubérant, injustifié, pour ce qui, après tout n'annonce qu'un trou. Complication absurde et fastidieuse
de la margelle du puits vaginal. Beaucoup d'hommes pensent comme ce personnage du Tropique du Cancer qui, mû par la fureur exploratoire, fait écarquiller sa vulve par sa maîtresse et, la lampe au
poing, s'exaspère de ne trouver qu'un trou vide et béant, ne contenant "ni calendrier ni harmonica". Le contenu des exciseuses, des infibulatrices, a vite fait de simplifier les choses.
* Le sexe de la femme sent mauvais. Le smegma vulvaire, fermentant, répand certes miasmes évoquant aussi bien le poisson avarié que le lait aigre. Mais il faut au moins trente-six heures de
négligence pour en arriver à ce fâcheux résultat (...)
* Le sexe de la femme est humide. Un organe qui coule ne semble jamais très sain. Pourtant familiarisé avec l'humidité de sa bouche, l'homme imagine mal que l'entrecuisse puisse être naturellement
moite et fluent. La lubrification vulvo-vaginale physiologique lui paraît un peu sale, à tout le moins louche. (...)
* Le sexe de la femme saigne.(...)
* Le sexe de la femme est maléfique.(...)
* Le sexe de la femme est creux.(...)
Malheureusement pour lui, le sexe de la femme ne ressemble à rien à une fesse ; velu, humide, compliqué et creux, il fait tache au beau milieu du corps féminin, il le dépare, l'enlaidit. Voilà la
principale origine de son inexcusable censure esthétique, comme du flot de qualificatifs injurieux qui déshonorent tant de langues humaines
TEXTE trouvé sur LESBORAMA
VARIATIONS SUR LE THEME
Europe
Elise et Marc
Une nouvelle version, au masculin, par ORLAN
ça ne s'appelle plus "L'origine du monde" (et pour cause !) mais "L'art de la guerre".
Orlan est une artiste qui va jusqu'au bout puisqu'elle fait d'elle-même, par de nombreuses opérations chirurgicales, de son corps, une oeuvre d'art.
ORLAN
Maline
Variation de Tracey Emin qui s'est représentée elle-même amassant de l'argent contre sa propre féminité afin de dénoncer l'usage mercantile du corps de la femme.
Version Paloma
Marseille
L'une des nombreuses variations de l'Origine du Monde censurée à Nice !
Que dirait-on à Nice, si j'exposais mon Origine à la toison pubienne enspermée ? Au fait, je l'y ai exposée, mais c'était au Salon de l'Erotisme 2007...
Ici le modèle qui
a inspiré la toile :
http://m_debray.club.fr/CYBERMODELES3/page15.htm
Nasko
Gilbert Roignot
J. Leprêtre
Pour terminer, une petite balade intéressante sur un site graphique drôle et magnifiquement fait :
http://www.artlibaba.com/
A suivre... ICI
Par Michel Debray
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Publié dans : Couleurs
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