Vous pourrez lire le premier chapitre de ce roman sur son site
http://www.jean-francois-mopin.com/
Mais je ne résiste pas (car je suis un résistant à toutes les censures) au plaisir de mettre ici son texte concernant les préventions de personnes qu'on pourrait penser ouvertes à la liberté
de penser et d'écrire, quarante ans après Mai 68...
" La fameuse question "où trouvez vous votre inspiration?", leitmotiv de ceux qui n'ont aucune imagination et n'écriront jamais rien de bon, est plus prégnante encore quand on
écrit un roman érotique. Tout le monde se demande si je raconte des expériences vécues ou si ce sont mes fantasmes. Les réponses à ces deux questions sont oui mais et oui mais...
Quiconque a jamais écrit sait que l'auteur est ses personnages, et qu'il vit mille vies. "Toutes les histoires sont vraies, à plus forte raison celles qu'on se donne la peine d'inventer", a écrit Pierre Pelot. A ce titre donc, j'ai vécu ce que vit mon héroïne. Sauf que, bien entendu, je ne suis pas une fille. Et que je n'ai pas vécu ce qu'elle vit. Alors quelle est la part d'autobiographie dans cette histoire? Montrez moi un roman qui ne soit pas autobiographique. Même les histoires les plus invraisemblables comprennent une vérité de la vie de l'auteur. De sa vie intérieure. Quant aux péripéties exactes et aux actes auxquels s'adonne la jeune fille... Qui est le plus pervers? Celui qui écrit le texte, ou celui qui veut absolument y trouver des éléments sordides, mû par un voyeurisme de mauvais ton?
Quant à mes fantasmes... Ce livre en retrace quelques uns, oui. Mais tous les livres sont l'expression des fantasmes de leur auteur. Et dans le domaine sexuel, j'ai bien plus de fantasmes que ceux qui sont ici exposés. Heureusement d'ailleurs, sinon je ne pourrais plus rien écrire. Pour moi la question n'est pas de savoir si je suis "normal" ou "obsédé". Je suis convaincu que nous avons tous des fantasmes démesurés, plus ou moins avoués, plus ou moins refoulés, plus ou moins conscients... Le travail du romancier, à mon sens, est de fouiller les recoins de son imagination pour en extraire ce qu'il y a de plus original. J'ai exploré ces recoins de ma libido. Il y en a d'autres. Et chacun a les siens...
Le lecteur attentif comprendra d'ailleurs que pour écrire Le Bandeau, j'ai dû explorer bien au-delà de mes propres fantasmes. Cela peut sembler étonnant, mais pour écrire un roman érotique valable, il faut faire des recherches très sérieuses et très poussées. J'ai énormément lu. Non seulement des romans érotiques, mais aussi des études sur la sexualité et la psychologie féminine. Si mon héroïne ne porte pas de nom, c'est surtout pour que chacun(e) puisse s'identifier à loisir. Un prénom l'associerait forcément, pour chacun, à une figure connue. L'imagination serait alors bridée, et les images s'imposeraient avec ce visage connu. Là, on peut donner à la jeune fille le visage qu'on veut. Le sien ou un autre.
Enfin, je souhaite répondre indirectement à certains collègues, qui se sont offensés que moi, un professeur, je mette ainsi en scène une jeune fille pas tout à fait majeure, qui pourrait être une de mes élèves.
D'abord je ne crois pas qu'ignorer l'existence de la sexualité des adolescentes soit une attitude productive. L'absence totale d'éducation sexuelle à l'école (où, à part faire de la prévention, nécessaire mais alarmiste, sur le SIDA, on ne fait rien) fait le lit des films pornographiques. En réduisant la sexualité au SIDA ou au silence, on oublie tout ce qui entoure cet aspect de la vie (amour, sentiments, sensualité, bien-être, respect...). Et les jeunes se retrouvent avec, pour seul modèle, les films porno qui se multiplient à la télévision.
Ensuite, je trouve notre monde bien hypocrite. L'auteur le plus étudié en collège, je crois, est Daniel Pennac. Qu'on ne se méprenne pas: j'adore ce qu'il fait. N'empêche. Comment commence La Fée Carabine? Un enfant s'extasie qu'on ait "transformé une vieille dame en fleur". C'est à dire qu'on lui a explosé la tête avec un fusil chargé de chevrotine, et le sang ayant giclé a formé une corolle. On a là une esthétisation de la violence gratuite, présentée comme poétique et désirable, qui ne gêne pas mes collègues bien-pensants. Mais suggérer qu'une jeune fille de 17 ans puisse avoir des rapports sexuels (activité a priori plutôt réjouissante et associée au plaisir), c'est impensable... Eh! bien, je continuerai à lire Pennac avec plaisir quand même. Et je suis convaincu qu'il n'appartient pas à cette catégorie d'enseignants qui nient que leurs élèves ont une vraie vie.
Pour terminer, quand j'étais moi-même au lycée, j'ai étudié (pour le bac de français) Justine de Sade. C'était il y a 20 ans. Depuis, mes
collègues sont devenus plus puritains que leurs parents. "
Jean-François Mopin
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En 1982, je publie Autorut du Soleil chez Buchet-Chastel. C'est un roman érotique plutôt drolatique mais il provoque cependant quelques troubles et orgasmes
masturbatoires chez quelques unes de mes amies.
A cette époque, je suis instit' dans un village de Picardie. Le livre paraît sous mon vrai nom et j'ai quelques homonymes ou homophones ce qui conduit un expert en écriture littéraire à parier
que ce "petit roman qui a charmé les dames du comité de lecture" (selon les termes d'Edmond Buchet) a été en fait écrit par Frédéric Dard !
Timbal-Duclos qui édite chez Retz à l'époque perd une caisse de champagne dans cette histoire...
Le maire de l'époque achète 6 exemplaires de mon roman (merci !) pour les distribuer à quelques parents d'élèves choisis afin de me nuire. Il n'y parvient pas vraiment, les parents estimant que
je fais bien mon travail et que ma vie privée (publique !) me regarde.
Quelque temps plus tard, mes élèves et moi offrons à not'maire un exemplaire d'une BT (Bibliothèque de Travail - Freinet) où nous avons fait paraître un reportage. J'en ai oublié le sujet. il se
trouve que dans ce magazine il y a un article sur la chasse en Sologne et qu'on y voit un étonnant tableau de chasse comportant des centaines d'animaux morts.
"C'est magnifique !" déclare le maire et contemplant la photo de ce qui m'apparaît comme une boucherie gratuite.
Je constate que depuis 1982, rien n'a changé vraiment.
C'est pourquoi je persiste et signe :
J'ENCULE LES CENSEURS
Michel Debray
D'autres considérations ici :
http://m_debray.club.fr/POILNET%203/page8.html
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