Lundi 14 avril
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LE TROU DU CUL
Son évocation comble l'enfanceau et son caca-boudin, le giton passif comme l'homme de bien dans sa maturité, le sage vieillard comme l'hermaphrodite aux sens énervés. Véritable étoile
naine effondrée sur sa propre masse, pulsar sur lequel tournoie le pal de l'Univers, trou noir par lequel s'échappe l'espace-temps et dont nullre lumière ne s'évade, le trou du cul relève de la
géométrie fractale avec ses plis rayonnants, véritable rose des vents, aussi singulier pour chaque être que l'empreinte digitale ou le code génétique. Le moulage du trou du cul marque dans la
cire, la glaise, le plâtre ou le bronze comme un indice irréfutable de la Divinité. La perfection s'impose aussitôt. Le trou du cul se situe au niveau subliminal du Taj-Mahal, du Saint-Graal et
du camembert Lepetit. D'une saveur qu'on dit poivrée, il peut évoquer l'arrière-goût d'un Pommard d'une grande année. L'accès au trou du cul constitue en soi un parcours initiatique. Par
nature caché, il peut apparaître tel une Sainte-Vierge au détour d'un bosquet à une bergère bégue et pubéreuse. Auréolé d'une pilosité discrète ou abondante, il est le point de symétrie du double
globe fessier. La partenaire (ou le complice, si l'on est adepte des jeux homophiles) positionnée en levrette offre au regard émerveillé une vision proche du paradis. Rien n'est plus émouvant
qu'un cul ainsi offert, ouvert, chaleureux, prêt à l'empoignade par les anses d'amour que sont les hanches. Les palpitations de l'anneau mystique sont comme un appel muet, une exhortation de
carpe, un souffle de cratère, un soupir d'ange. Un nain s'aidera d'un tabouret pour être à bonne hauteur ou se tiendra debout pour mettre son nez dans les affaires de l'autre. Un géant
s'agenouillera, creusera une fosse ou élèvera la couche au niveau de son vit tendu. Il ne faut point tarder. La posture ne souffre pas d'atermoiement. L'encaldossage doit être tendre mais sans
faiblesse, vigoureux mais non brutal, ample et souple mais non envahissant. A ce jeu, les velléitaires, les exaltés, les forcenés, les bouffons, les aventuriers de l'extrême, les
maniaco-dépressifs, les économiquement faibles, les déclassés, les tristes sires, les spéléologues rentrés, les haineux, les brouillons, les enchiffrenés, les bavards impénitents seront
assurément perdants.
Par Michel Debray
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Publié dans : Blasons
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