Le blog de Michel Debray
J'ai eu l'occasion de voir hier la co-production franco-britannico-autrichienne KLIMT de Raoul Ruiz avec
John Malkovich dans le rôle titre. Cet acteur possède en gros trois expressions à son répertoire à l'instar de nombreux comédiens anglo-saxons du reste. Harrison Ford est le
mètre-étalon de l'inexpressivité du genre palourde.
La biographie de l'artiste viennois est "onirique" autant dire qu'on n'apprend rien de sérieux sur sa vie et son oeuvre. Le film est ampoulé, lent et confus.
Les peintres sont souvent malmenés au cinéma. On peut faire un sort particulier à La vie passionnée de Vincent Van Gogh de Minelli qui joue à fond le romantisme de
l'artiste maudit. Le Van Gogh de Pialat est un film pro domo où l'ex-peintre Pialat règle ses comptes et parle par la bouche de Dutronc.
Edvar Munch et Lautrec mis à part, on voit souvent dans les films qui sont consacrés à des artistes des énormités psychologiques et biographiques tout à fait insupportables.
La Femme à la perle, consacré à Vermeer est une belle et pure supputation où l'on appréciera la photographie.
Après un Modigliani joué magnifiquement par Gérard Philipe dans Montparnasse 19 de Jacques Becker, on a pu assister à deux remakes. L'un français avec Richard
Berry, sans grand intérêt et un autre, américain qui montre l'opposition supposée entre le "gentil" Modi et l'affreux et communiste Picasso. Une véritable daube.
J'attends avec impatience de voir l'enquête "policière" sur La ronde de nuit peinte par Rembrandt, réalisée par Peter Greeneway, sans doute le cinéaste le plus pictural
que je connaisse.
J'y reviendrai de façon plus précise.
Voici ce qu'écrit le Monde des Arts au sujet de Gustav Klimt
"Au cours de l'année 1900, lors de la septieme exposition de la "Sécession", Klimt présente
sa toile intitulée " La Philosophie", qui est la première des trois toiles préparatoires avec "La Médecine " et "La Jurisprudence " qui lui avaient été commandées en 1896 pour illustrer les
voûtes du plafond de l'Aula Magna, le hall d'accueil de l'Université de Vienne. Il choisit de représenter la philosophie sous la forme d'une sphinge aux contours flous, la tête perdue dans les
étoiles, tandis qu'autour d'elle se déroule tous les cycles de la vie, de la naissance à la vieillesse, en passant par les étreintes de l'amour. A gauche, à l'avant plan, la "connaissance" revêt
les traits d'une femme fatale fixant de ses yeux froids et sombres le spectateur. Cette toile fait l'objet d'une critique sévère des autorités universitaires qui s'attendaient à une
représentation classique du sujet et qui considèrent alors cette allégorie comme une provocation au libertinage et une atteinte aux bonnes moeurs. La critique violente de la presse accuse Klimt
d'outrager l'enseignement et de vouloir pervertir la jeunesse . On lui reproche ses peintures trop érotiques, et on s'interroge sur sa santé mentale et sur ses crises de dépression. " Il est
trapu, écrit-on,un peu lourd, athlétique... pour allonger son visage sans doute, il porte les cheveux en arrière et rejetés très haut au dessus des tempes. C'est le seul signe qui pourrait faire
penser que cet homme est un artiste""
"Peintre dénigré pendant plus d'une dizaine d'années de sa vie, l'oeuvre de Klimt aura été en permanence l'expression d'une référence à l'histoire de la
peinture, à Moreau, Klinger, Hodler, Böcklin, Monet, Seurat, Matisse, ou Rodin, dans ses compositions extrêmement personnelles et originales faites de théatralité, d'antinomies,
d'hétérogénéité, tant du point de vue pictural et décoratif, que du point de vue des couleurs. Son oeuvre faite d'oppositions entre la figuration et l'abstraction, entre allégories et
paysages, entre, stylisation et naturalisme, entre hédonisme et scepticisme, entre impressionisme et symbolisme, lui confère une place très particulière dans l' histoire de l'art. Il semble avoir
été le génial et prémonitoire précurseur de la crise générale des principes, des valeurs, des idées et du langage artistique qui fût caractéristique du XXème siècle."
Ce qui fait l'érotisme de la peinture de Klimt, ce ne sont pas les corps, mais l'écrin rouge et or, incroyablement chromatique dans lequel l'artiste les enchâsse.
Cet écrin, ce décor évoquent le luxe, la volupté et une façon de hiératisme dans la luxure.
On aimerait que les clubs libertins ressemblent à des tableaux de Klimt...