Le blog de Michel Debray
LA MAISON DES PLAISIRS
Chapitre 3 – Les nourritures terrestres
Lady C. vit nue… Même si elle est un peu frileuse elle aime la liberté de son corps nu, ainsi se sent-elle érotisée d’emblée. Mr Tambourine Man lui a appris que l’érotisation permanente est une quête fondamentale, le sens profond de la vie.
Elle s’enfonce une sucette à la fraise entre ses nymphes douces, porte la friandise à la bouche, la lèche avec délectation, regardant son amant avec le regard coquin que ses yeux verts lui permettent à l’envi. Elle recommence et offre la choupachoupe à la gourmandise sucrée de Mr Tambourine Man qui finit par plonger entre les cuisses pâles de son amante pour y trouver au-delà de l’arôme pas très naturel de fruit rouge le goût sacré de la jolie figue d’amour.
Donne-moi une idée de recette originale, dit Lady C. à Mr Tambourine Man après un délicieux coït somme toute très classique.
Attends, je réfléchis…
Hier encore, elle gobait son gland recouvert de crème Chantilly et lui savourait une banane qu’elle avait laissé macérer dans sa chatte baveuse…
Dans un bouquin d’astrologie consacré aux Scorpions, dit Mr Tambourine Man, Claude Lelouch, le cinéaste, faisait part d’une recette très simple : l’omelette au chocolat.
Tiens, c’est étonnant ! Et simple !
Très simple. Biblique. Tu incorpores du chocolat noir, très noir, fondu au bain-marie à l’omelette ordinaire. Tu peux ajouter de la cannelle, du gingembre, des poivres. L’omelette peut se déguster salée ou sucrée, selon les goûts…
Cette recette-là me va ! Tu sais comme je déteste cuisiner.
Je sais que tu n’aimes pas les huîtres, mais moi j’en suis fou. Je te commande des gambas ma douce, que je préparerai pour toi, à ma façon.
J’appelle Victoria… j’ai vraiment envie de la gougnotter encore. Tu veux bien, mon chéri ?
Ce que tu veux, je le veux, tu le sais bien !
Hum… tu es un amour.
Je vais dans mon bureau pour commander un plateau de fruits de mer et un panier de fruits exotiques. Demande à Victoria si elle aime les huîtres. Je n’aimerais pas être seul à en manger.
Lady C. s’installe confortablement dans un canapé, la main sur son sexe, l’autre tenant le téléphone contre son oreille. La conversation prend un tour assez vert… Lorsque Mr Tambourine Man revient, Lady C. jouit en gémissant, son portable plaqué contre son clitoris.
Oh oui, oui, oui ! Ma belle, oui, fais-moi vibrer encore… !
Mr Tambourine Man sourit… Sa maîtresse est désormais pantelante, comme anéantie. Il va chercher son appareil photographique et flashe le corps somptueux qui frissonne.
Comme tu es belle dans le plaisir, ma chérie !
Lady C. prend des poses gracieuses, lui offre un petit sourire fatigué puis se couvre d’un déshabillé de soie noire…
Repose-toi mon ange…
Lady C. dort encore lorsque survient Victoria, vêtue d’un tailleur gris perle sous lequel elle ne porte qu’une parure minimaliste couleur prune.
Où en es-tu, mon bel artiste, de mon portrait nu ?
Tu veux voir ?
Mr Tambourine Man prend Victoria par la main et l’entraîne vers l’atelier aux odeurs de vernis et de térébenthine.
C’est loin d’être achevé là, c’est encore une esquisse.
Oh ! C’est beau. C’est bien parti en tous cas…
Je l’espère. Rien n’est jamais gagné…
Tu me montres les photos que tu as faites de moi ?
Mr Tambourine Man allume son I-Mac. Il a fait une rafale de clichés de Victoria seule puis du duo qu’elle a formé avec Lady C.. Le modèle rosit de nouveau à la vision de ces images parfois plus que suggestives…
Tu es superbe…
Non. Lady est belle, bien plus belle que moi.
Vous m’amusez, mes insatisfaites, jolies comme des cœurs, qui jouissez comme des reines si l’on sait bien si prendre… Regarde…assieds-toi là. Prends tes aises.
Que vas-tu faire ?
Moi ? Rien. Ou plutôt si, je vais te parler, juste te parler. Tu es prête ?
Victoria acquiesce de la tête. Un petit sourire mi-gêné mi-coquin s’ébauche sur ses lèvres. Il prend son ton le plus suave et murmure, assis en face d’elle.
Tu es belle. Peut-être ne le sais-tu pas mais tu es belle. Tu repères les petites imperfections de ton corps mais tu as vu tes photos et qu’as-tu vu au fond ? Une femme désirable, dans sa nudité, tu as pu contempler ta chute de reins, tes beaux seins vivants comme des oiseaux, tes fesses fermes, ton regard oriental aux longs cils noirs, ta bouche magnifiquement dessinée, comme ta bouche d’en bas aux carnations de bistre. Mets-toi nue Victoria. Montre-moi ta beauté nue.
Elle prend un air grave… Se lève et ôte lentement sa veste, sa jupe, son soutien-gorge, son string et même ses bas… Elle tourne autour de son hôte et revient s’asseoir languide devant le regard inquisiteur du peintre.
Tu m’avais déjà déshabillée. Tes yeux sont des radars… J’étais nue avant même d’être dévêtue.
Ouvre-toi. Dilate-toi. Occupe tout l’espace que tu pourras, envahis cet espace de tes ondes personnelles, de ton parfum intime.
Elle s’étire comme une chatte. Sans en recevoir la demande, elle entreprend de se caresser, lentement, comme elle aime, commençant par ses cuisses, puis sa poitrine rosissante mais très vite ses pouces rassemblés viennent s’insinuer dans la fente luisante encadrant le clitoris d’un double frottement obsédant.
Oui. C’est bien. Lâche-toi. Fais-toi du bien, offre-toi à mon regard, sois obscène à tes propres yeux, je veux que tu te sentes impérialement femme, que tu t’inondes de ton propre plaisir, de tes jus sacrés… Oui ! C’est bien ! Mouille de tes sucs tes tétons érigés, fais-les bander ma belle !
Victoria maintenant se masturbe avec ferveur. Son gémissement devient roucoulement qui devient mélopée…Elle ruisselle. Mr Tambourine Man se risque. Toutes les femmes n’aiment pas les mots crus, les insultes pendant l’acte ? Lui-même ne se prête à ce jeu que parce que cela excite Lady C. mais au fond, c’est un tendre qui préfère la douceur.
Sois salope ! Oui ! Fais ta putain !
A ces mots, elle hurle et se disloque comme une poupée de chiffons et retombe anéantie. Elle aime être injuriée, révélant ainsi toute l’ambiguïté et la singularité de l’âme féminine. Plutôt altière, réservée, pudique même « dans la vie » Victoria pourrait devenir une soumise, en tous cas elle ne dédaigne pas cet aspect des choses de l’amour. Mais le sexe n’est-il pas aussi dans la « vraie vie » ? Ses cris ont réveillé Lady C. qui comprend vite la situation et sourit.
Il fait faim, vous ne trouvez pas ?
Comme par enchantement et par hasard un livreur un peu couperosé vient déposer la commande maritime.
Pour ma chérie qui a le mauvais goût de n’aimer point les huîtres que Victoria et moi allons déguster ensemble, je vais préparer des gambas au miel et au Noilly Prat… Sache Victoria que je n’aime que la bête crue, sans vinaigrette, sans citron, sans rien, juste dans son eau. Mais pour toi je vais faire une exception.
Mr Tambourine Man râpe du gingembre frais sur une mandoline, il incorpore cela à du beurre demi-sel pommadé et étale-le tout sur de petites tranches de pain de seigle. Puis il prépare la sauce au Noilly dans laquelle cuiront de belles gambas grises qui prendront très vite une carnation vermillon dans la poêle. Il ouvre une bouteille de pinot noir d’Alsace, un vin délicat, à la robe rouge rosé et au goût de griotte. Il goûte d’abord puis sert Victoria.
Pour ma chérie, je vais ouvrir une bouteille de Gewurztraminer vendanges tardives, à la fois sec et sucré.
Oh ! oui, tu connais mes goûts pour les blancs liquoreux…
Les huîtres de pleine mer sont grasses, délicieuses. Victoria en gobe une et, sans la mâcher, la passe dans la bouche du peintre qui lui, la savoure et l’avale. Lady C. décortique les crustacés parfumés, ses doigts sont souillés de sauce fort goûteuse qu’elle lèche voluptueusement. Elle se dénude et versant un peu de vin dans le creux de ses seins s’écrit :
Oh ! Je suis maladroite ! Qui vient lécher ce nectar sur mon corps ?
Ses complices ne se font pas dire deux fois et font courir leur bouche sur les seins, le nombril, le ventre de Lady C. qui cette fois verse franchement le breuvage sur son pubis blond. Victoria s’occupe de ses mamelons, Mr Tambourine Man boit directement le vin mêlé de cyprine dans la source de son amante qui ne tarde pas à jouir sous les multiples coups de langue. Il bande.
Cher et doux ami, déclare Victoria le visage barbouillé de vin blanc, veux-tu me faire plaisir ?
Toujours, Victoria… Parle et je t’obéirai…
Elle lui tend une huître.
L’huître au beurre « gingembré » est délicieuse et ton petit vin est divin par là-dessus, mais j’aimerais goûter une huître au foutre. Permets que je te branle… Tu éjaculeras dans ce coquillage-ci…
Mr Tambourine Man sourit. Il est des supplices bien plus abominables…Victoria se saisit de son membre qui s’émeut et prend de jolies proportions. Comme si cela ne suffisait pas, Lady C. lui enfonce dans l’anus un doigt maculé de sauce brune au Noilly. A la palpitation de la grosse veine courant sur la verge érigée Victoria comprend que l’éjaculation est imminente, elle approche le mollusque et recueille le jet de sperme sur le manteau verdâtre bordé de noir de l’huître qui se remplit de cette crème virile. Victoria ne tergiverse point et absorbe la bête, son eau et le foutre d’une seule bouchée.
Ensuite c’est une joyeuse mêlée odorante de corps qui mangent, boivent et jouissent jusqu’à l’épuisement…
MD