Le blog de Michel Debray

 

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Michel Debray, pouvez vous présenter pour les lecteurs et lectrices d'histoires-libertines.com ?

 

 J’aurai 66 ans en novembre prochain. Je suis donc du signe du Scorpion. Je revendique ma picarditude. La sexualité est au fond la seule chose qui m’intéresse car le sexe, c’est la Vie. Rien n’est sacré en dehors de la Vie. Un monsieur en pagne, crucifié, est pour moi une icône mortifère. Il n’y a rien après la vie, rien de plus que ce qu’il y avait avant la naissance. Pas de salut, pas d’évangile, pas de bonne nouvelle, pas de karma. Il n’y a que cette vie. Fugitive. Dont nous devons faire une sorte d’œuvre d’art grâce à l’amour, au sexe et à une certaine morale personnelle. Je me définis comme libre, libertaire et libertin au sens où on l’entendait au Siècle des Lumières.

 

 

 Comment êtes vous venu aux arts érotiques (peintures et photos) ?

 

 Je dessine et je peins depuis tout-petit. Après une longue névrose anxieuse que j’ai pu conjurer grâce à la peinture, la littérature et une psychanalyse, j’ai cessé peu à peu de rendre sur ma toile des images mentales qui se sont taries. Dès lors, j’ai réalisé des portraits et des nus. C’est grâce à l’invitation d’un club libertin que j’ai vraiment découvert ce monde. Pour des raisons générationnelles, nous avions jadis connu les tentatives d’amour libre qui n’excluaient pas les sentiments pas plus que les crises au sein des couples… Il s’agissait d’une véritable tentative utopiste d’inventer de nouveaux rapports amoureux et sexuels. Les femmes y ont gagné en émancipation. Les hommes, en « féminité ». Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet mais ce n’est pas le lieu.

Un premier modèle amateur m’a offert son corps magnifique. Ma compagne fut et reste cependant mon principal modèle. De fil en aiguille, j’ai eu d’autres modèles, libertines ou pas, à qui je demandais d’aller plus loin quand elles le pouvaient. Ce fut l’occasion de découvertes et d’aventures plus ou moins avancées.

 


Quels sont vos mentors ? Et vos sources d'inspiration ?

 Dans ma jeunesse, la rencontre artistique avec les Expressionnistes nordiques et avec Clovis Trouille m’a orienté vers une peinture de l’angoisse, de la révolte et de la provocation. On me compare souvent à Egon Schiele ce qui pour moi est le comble du compliment.

Pouvez vous nous décrire la femme idéale à vos yeux ?

Il n’y a pas de « femme idéale ». Il y a DES femmes. Dans tous les milieux, je trouve que les femmes sont beaucoup plus audacieuses, courageuses, sensibles que les mecs qui croient tout diriger alors qu’ils ne sont souvent que des pantins manipulés par leur propre et misérable ambition. Les véritables hystériques ne sont pas là où on les attend… Je peins des vraies femmes – pas des bimbos ! -  de tous âges, de tous physiques. Et chacune est un univers en soi (en soie !) que je découvre chaque fois avec ravissement.



 

Aimez-vous les récits érotiques ? Que pensez-vous du site ? Des histoires vous inspirent-elles ?

Comme dans toutes formes artistiques, il y a le pire et le meilleur. Cependant, l’érotisme est un genre très difficile. C’est pourquoi mon premier roman « Autorut du soleil » édité en 1982 chez Buchet-Chastel fut un texte érotique teinté d’humour.  Un des plus beau livre érotique est pour moi « La mécanique des femmes » de Louis Calaferte. Sur le site, beaucoup de textes n’échappent pas aux poncifs du genre. Le texte érotique a deux vertus : provoquer le désir et la masturbation d’une part et susciter un plaisir véritablement littéraire d’autre part. Ceux qui parviennent à ce double objectif sont rares.

 


Auriez-vous une ou des anecdotes à nous livrer sur vos aventures perso ou vos souvenirs lors de séances avec des modèles ?

 Souvent pendant les séances photos (je peins ensuite d’après les photos choisies avec le modèle) j’ai le plaisir et l’émotion de voir les manifestations physiologiques de l’excitation du modèle : tétons qui s’érigent, roseurs de la poitrine et des joues, mouillures, petits soupirs… C’est évidemment extrêmement jouissif et il arrive que je pose mon appareil pour caresser le modèle qui n’attend que cela…


 

 

 

Quelle serait pour vous l’œuvre ultime à réaliser?

 L’œuvre ultime est un fantasme. C’est le chef-d’œuvre absolu, celui qui cloue le spectateur, c’est l’œuvre définitive après laquelle on peut mourir… Heureusement, ou hélas !, chaque nouvelle peinture provoque une petite déception et par-là même contraint à commencer un nouveau tableau…


Quelle est votre actualité ? 

Vivre… travailler… aimer…


Quels sont vos projets pour 2011 ?

Je dois achever une série « Le chemin (de croix) des dames » comportant 14 toiles sur les avanies faites aux femmes et travailler sur des nus féminins en cours… j’espère pouvoir réaliser une exposition cette année.


Que peut-on vous souhaiter ?

Ma peinture a, de toutes façons, une force qui lui fera résister à l’assaut du temps. Qu’une de mes toiles plaise à UNE femme et je suis récompensé. Face à l’absurdité et à la beauté tragique et superbe de la vie, je suis désormais tranquille et serein. Cela dit, plus j’aurai de modèles, plus j’aurai de commandes de nus ou de portraits et plus je serai content.

Un petit mot pour nos internautes ?

Le sexe, quoiqu’on en dise, reste un tabou absolu. C’est aussi le dernier lieu de la vraie liberté. A moins qu’on mette un flic dans chaque lit… On voit bien que les pouvoirs n’ont de cesse de réprimer la sexualité. Partout. A chaque époque. Si des adultes consentants me demandent de les peindre dans les actes les plus pervers, cela ne me dérange pas. Je suis, par essence, curieux de la sexualité humaine qui a inventé l’érotisme ce qui nous distingue des animaux lesquels n’ont pas une culture mais une nature. La nature d’ Homo sapiens demens comme le dit joliment Edgar Morin, c’est d’être culturelle. Je peins avec juste un petit talent de coloriste (je ne suis pas un grand dessinateur) librement ce que j’ai envie de peindre. Je suis ouvert à l’aventure, à la découverte. Les corps féminins et leurs atours me sont un éternel enchantement. Que je sois censuré, insulté, vilipendé m’est indifférent. Et venant de certains, cela m’apparaît parfois comme des compliments.

 

 

 

Le blog de l'auteur : Le poilnet dans la main

Ven 18 fév 2011 1 commentaire

"libre, libertin, libertaire" : on ne peut qu'approuver ! Donc non militant ? non activiste ? non résistant à l'oppresseur ?Donc sans addiction ? (tabac, alcool, drogues, médicaments, sexe)

Il y a un paradoxe à ce qu'un libertin parle "d'actes pervers",ce qui implique un jugement de valeurs, une hiérarchisation des actes, une mise en question de la réciprocité entre partenaires (je te fais pouêt-pouêt, tu me fais pouêt- pouêt ...) un renoncement - peut-être - à la jouissance simultanée (Mellors/Lady Chatterley).

La liberté des Lumières suppose-t-elle des engagements, notamment quant aux "bonnes moeurs" ?

De quelle dignité peut se prévaloir un libertin stricto sensu irréligieux ?

Le Décalogue a-t-il une valeur pour un libertin ?

Existe-t-il des vertus chez un libertin ... et des vices qui leur seraient corollaires ou même antinomique ?

Quelle est la valeur de "l'autre souffrant" pour un jouisseur ? N'est-ce pas un "trouble-fête" ?

N'est-on pas "prisonnier d'une liberté voulue trop grande", "incarcéré dans ce nouvel Absolu" ?

"Paradis de la Liberté" à comparer aux "Enfers de l'indépendance" (R. Abellio)

la solitude, l'esseulement, ne sont-ils pas au bout du chemin ? "MEMENTO MORI"

VALE AMICE ET VADE IN PACE

ODRADEK - le 19/02/2011 à 09h42

Non militant, activiste, résistant (en quoi être libertaire suppose-t-il qu'on ne se rebelle pas ?), drogué au café et au sexe...

Un libertaire doit-il se privers des mots du dictionnaire ?

Utiliser le terme "perversité" suppose-t-il qu'on soit pervers ou qu'on porte un jugement sur la perversité. On est toujours le pervers d'un autre.

En quoi l'engagement religieux, métaphysique est-il plus digne que l'athéisme absolu ?

Je vous renvoe à Onfray pour qui l'hédonisme n'est pas cette sorte de je m'en foutisme moral et éthique mais bel et bien plutôt le façonnage de sa propre morale, de sa propre éthique dans le  cadre de ce que François Jacob nommait la "statue intérieure".

La solitude et le naufrage sont de toutes manières au bout du chemin. Autant tracer alors le chemin soi-même que de suivre les routes imposées.

 

 

Michel Debray