Le blog de Michel Debray
C'est seulement aujourd'hui que je pense à faire de la pub pour mon roman CHIENNERIES, paru chez BOD
http://www.bod.fr/index.php?id=1786&objk_id=142248
Extrait :
"Milena sortit de sa roulotte et entra dans le halo de lumière, moderne Esmeralda.
Comme à chacune de ses apparitions, un frisson général parcourut l'assistance. Dans sa grande robe mandarinale, Tamara Fujimori était impassible, impériale, féline. Sa crinière de lionne était
lissée, calamistrée, laquée. Ses yeux étaient des fentes. Meurtrières. On aurait pu la croire endormie mais en réalité elle n'était qu'attention, tension et immobilité.
Le vieux Kadesh fit miauler son violon et les musiciens se déchaînèrent. Milena dansait sous la lune, magnifique. Chacun de ses muscles trouvait une résonance dans le crâne de ses admirateurs. Chacun de ses gestes excitait une goutte de sang des corps caverneux de leur bite. Les femmes mêmes crispaient leur vagin autour d'un phallus imaginaire, fantasme suscité par la danse de Milena. Tamara était silencieuse, marmoréenne, mais son sexe fondait sous la longue toge de soie noire sous laquelle elle était nue.
A la fin de la série de danses, elle se leva et, les nymphes juteuses, mains jointes, elle salua le génie chorégraphique de la Bohémienne. Puis elle entreprit une très lente reptation de séduction. Un chant terrible de femme, ovarien, abyssal, s'éleva dans la nuit. Kadesh l'ancien jouait seul. Les deux femmes dansaient maintenant ensemble une transe ralentie, séisme de muscles et de sang, sans se toucher, et il devint très clair qu'elles mimaient l'amour. Kadesh retint son instrument puis accéléra le rythme. D'un regard d'assentiment, il autorisa les autres musiciens et chanteurs à délivrer leur énergie. Les danseuses s'offrirent, toutes crues, luisantes de sueur, à l'hommage délirant de leur public.
C'est Milena qui entraîna enfin, tard dans la nuit, Tamara dans sa roulotte. Là, dans
cette sorte d'utérus aux petites fenêtres fermés par des rideaux de dentelle, sur la couche étroite, témoin muet d'ancestrales mises au monde, dans l'odeur du vieux bois patiné, elle recevait
avec ferveur l'étreinte inédite de la danseuse nippone."
M.D.