Le blog de Michel Debray
A tout seigneur, tout honneur, Amiens est ma ville natale.
Voici Marie sans chemise.
"Tout le monde connaît l’histoire de Lady Godiva qui dut traverser les rues de son village de Coventry nue sur son cheval. Mais bien peu connaissent l’histoire de Marie-sans-chemise, le bronze conçu par Albert Roze qui devait la représenter. Pourtant, cette magnifique statue digne de Saint-Gengouf (Patron de cocus) a vécue autant de péripéties.
Le 12 février 1892, mourut Louis Dewailly léguant à la commune la somme de 25000 francs (soit à l’époque une petite fortune) pour qu’elle édifie en son centre une horloge monumentale qui permettrait aux Amiénois de ne pas manquer leur train.
La municipalité décida d’en confier la réalisation à deux amiènois qui ne s’entendaient guère.
Emile Riquier pour le corps du monument et Albert Roze pour l’ornementation.
Albert du donc attendre qu’Emile eut fini son projet avant de pouvoir concevoir le sien. Ors, histoire d’enmerder le monde, Emile Riquier mit plus de trois ans avant de fournir une flèche rococo surmontée d’une horloge à trois faces éclairée au gaz. Elle fut mise en service le 4 Août 1896 sans son ornement.
Albert Roze, en petit malin décida de ne pas adopter ce style ampoulé et conçu une magnifique jeune femme assise à demi vétue brandissant une branche de pommier en fleur.
Il la déposa sur le socle au pied de l’horloge comme si elle s’y était assise.
L’horloge tomba en panne. En effet, la condensation du à la combustion du gaz éclairant les aiguilles corroda le mécanisme assez rapidement. Les services techniques de la Ville se retournèrent donc contre le constructeur du mécanisme. Ce dernier, après expertise, s’aperçut du défaut de soins. « La combustion du gaz dans la sphère qui contient les cadrans dessèche l’huile, favorisant l’oxydation du mécanisme. Un démontage et un nettoyage s’imposent annuellement », écrivit Paul Garnier, mécanicien horloger de la Marine et des Chemins de Fer Français, à l’ingénieur en chef de la Ville, le 3 août 1899. La bonne solution technique fut prise l’année suivante.
L’éclairage au gaz fut supprimé et remplacé par l’électricité fournie par la Station Centrale d’Électricité d’Amiens. Le branchement eut lieu le 27 juin 1900. Ce problème étant réglé, l’état général de la ferronnerie demeurait préoccupant. En 1921, le Conseil municipal délibéra de nouveau pour faire procéder à une remise en état complète du monument, avec mise en peinture des partie en fer et remplacement des cadrans en verre, brisés lors du bombardement d’Amiens par les Allemands en 1918.À partir de 1930 se posa le problème du remontage du mécanisme. Jusqu’à présent, l’horlogerie avait fonctionné avec un système à poids. Tous les huit jours, M. Roger, horloger, moyennant une modeste rétribution, se chargeait de l’opération, remettant la pendule à l’heure.Devenu vieux et malade, il ne pouvait poursuivre cette mission. Il fut alors décidé d’électrifier le système. L’horloge Dewailly résista au bombardement d’Amiens de 1940. Pendant toute la Seconde Guerre mondiale, elle compta parmi les rares éléments verticaux de la cité détruite. À partir de 1949, en pleine reconstruction de la ville, elle devint la cible d’un journaliste du Courrier Picard, André Sprécher. Ce dernier dénigra sévèrement l’œuvre d’Émile Ricquier, dans des termes particulièrement discutables : «Qui libérera Marie-sans-Chemise de l’effroyable verroterie nègre qui la déshonore ?», s’exclame-t-il dans ce journal (Il n'avait pas tord à mon avis) . Entretenant une campagne de presse sur ce thème pendant plusieurs mois, le journaliste finit pas avoir gain de cause. En octobre 1953, l’horloge fut démontée et abandonnée en plein air, au dépôt Beauvillé des Ponts et Chaussées. La belle horloge, naguère fièrement dressée place Gambetta, vécut ici ses derniers moments. Les enfants en firent leur aire de jeux. L’un d’eux, historien amiénois, se souvient encore avoir couru, tel un équilibriste, sur la structure métallique rouillée. Des habitants, scie à métaux en main, venaient se servir à la dérobée de morceaux de métal, notamment les parties en bronze et en cuivre vendues à bon prix chez les ferrailleurs.Seule Marie-sans-Chemise échappa aux convoitises. En 1965, récupérée par les services techniques de la Ville, elle fut installée sur un socle, sur la placette entre les rues Dusevel et des Sergents
Début 1999, le Conseil municipal décidait de faire construire une réplique à l’identique du monument. "
Tiré de : http://bof2eme.blogspot.com/
Voici Marie sans chemise.
"Tout le monde connaît l’histoire de Lady Godiva qui dut traverser les rues de son village de Coventry nue sur son cheval. Mais bien peu connaissent l’histoire de Marie-sans-chemise, le bronze conçu par Albert Roze qui devait la représenter. Pourtant, cette magnifique statue digne de Saint-Gengouf (Patron de cocus) a vécue autant de péripéties.
Le 12 février 1892, mourut Louis Dewailly léguant à la commune la somme de 25000 francs (soit à l’époque une petite fortune) pour qu’elle édifie en son centre une horloge monumentale qui permettrait aux Amiénois de ne pas manquer leur train.
La municipalité décida d’en confier la réalisation à deux amiènois qui ne s’entendaient guère.
Emile Riquier pour le corps du monument et Albert Roze pour l’ornementation.
Albert du donc attendre qu’Emile eut fini son projet avant de pouvoir concevoir le sien. Ors, histoire d’enmerder le monde, Emile Riquier mit plus de trois ans avant de fournir une flèche rococo surmontée d’une horloge à trois faces éclairée au gaz. Elle fut mise en service le 4 Août 1896 sans son ornement.
Albert Roze, en petit malin décida de ne pas adopter ce style ampoulé et conçu une magnifique jeune femme assise à demi vétue brandissant une branche de pommier en fleur.
Il la déposa sur le socle au pied de l’horloge comme si elle s’y était assise.
L’horloge tomba en panne. En effet, la condensation du à la combustion du gaz éclairant les aiguilles corroda le mécanisme assez rapidement. Les services techniques de la Ville se retournèrent donc contre le constructeur du mécanisme. Ce dernier, après expertise, s’aperçut du défaut de soins. « La combustion du gaz dans la sphère qui contient les cadrans dessèche l’huile, favorisant l’oxydation du mécanisme. Un démontage et un nettoyage s’imposent annuellement », écrivit Paul Garnier, mécanicien horloger de la Marine et des Chemins de Fer Français, à l’ingénieur en chef de la Ville, le 3 août 1899. La bonne solution technique fut prise l’année suivante.
L’éclairage au gaz fut supprimé et remplacé par l’électricité fournie par la Station Centrale d’Électricité d’Amiens. Le branchement eut lieu le 27 juin 1900. Ce problème étant réglé, l’état général de la ferronnerie demeurait préoccupant. En 1921, le Conseil municipal délibéra de nouveau pour faire procéder à une remise en état complète du monument, avec mise en peinture des partie en fer et remplacement des cadrans en verre, brisés lors du bombardement d’Amiens par les Allemands en 1918.À partir de 1930 se posa le problème du remontage du mécanisme. Jusqu’à présent, l’horlogerie avait fonctionné avec un système à poids. Tous les huit jours, M. Roger, horloger, moyennant une modeste rétribution, se chargeait de l’opération, remettant la pendule à l’heure.Devenu vieux et malade, il ne pouvait poursuivre cette mission. Il fut alors décidé d’électrifier le système. L’horloge Dewailly résista au bombardement d’Amiens de 1940. Pendant toute la Seconde Guerre mondiale, elle compta parmi les rares éléments verticaux de la cité détruite. À partir de 1949, en pleine reconstruction de la ville, elle devint la cible d’un journaliste du Courrier Picard, André Sprécher. Ce dernier dénigra sévèrement l’œuvre d’Émile Ricquier, dans des termes particulièrement discutables : «Qui libérera Marie-sans-Chemise de l’effroyable verroterie nègre qui la déshonore ?», s’exclame-t-il dans ce journal (Il n'avait pas tord à mon avis) . Entretenant une campagne de presse sur ce thème pendant plusieurs mois, le journaliste finit pas avoir gain de cause. En octobre 1953, l’horloge fut démontée et abandonnée en plein air, au dépôt Beauvillé des Ponts et Chaussées. La belle horloge, naguère fièrement dressée place Gambetta, vécut ici ses derniers moments. Les enfants en firent leur aire de jeux. L’un d’eux, historien amiénois, se souvient encore avoir couru, tel un équilibriste, sur la structure métallique rouillée. Des habitants, scie à métaux en main, venaient se servir à la dérobée de morceaux de métal, notamment les parties en bronze et en cuivre vendues à bon prix chez les ferrailleurs.Seule Marie-sans-Chemise échappa aux convoitises. En 1965, récupérée par les services techniques de la Ville, elle fut installée sur un socle, sur la placette entre les rues Dusevel et des Sergents
Début 1999, le Conseil municipal décidait de faire construire une réplique à l’identique du monument. "
Tiré de : http://bof2eme.blogspot.com/
Mer 14 mai 2008
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